David Lisnard : le joker de la droite ?
Depuis 2010, la droite ne parvient pas à surfer sur les vagues fortes nouvelles de l'opinion. Majoritairement, l'opinion attend une rupture par rapport aux fondamentaux de la V ème République. En 2007, Nicolas Sarkozy a été la première étape de cette rupture : le choc ouvert entre l'énergie nouvelle et la présidentialité habituelle.
En 2010, la droite est alors divisée (Sarkozy / Villepin). Bien davantage, un nouveau tournant se produit : l'opinion attend un président proche, "copain", doux, humble. C'est le creuset qui devient le socle de François Hollande après l'élimination de DSK par une affaire privée. Et le phénomène Macron c'est un étage de plus dans le bousculement des repères de la V ème République. En 12 mois seulement, Emmanuel Macron change totalement la donne.
A quoi correspond ce séisme de 2017 ?
1) Emmanuel Macron a intégré que la nouvelle idéologie réside d’abord dans le style et non pas dans la doctrine. La communication visuelle moderne fait du style le message de fond.
2) De façon paradoxale, en temps de crise, et cela depuis 1974 (date du juste après premier choc pétrolier), l’opinion cherche d’abord la sortie de la crise par des leaders au style qui incarne l’espoir. Dans ces circonstances, l’opinion ne cherche pas des gestionnaires de crises mais des visionnaires d’espoir.
3) L'usure des institutions de la V ème République est telle que la rapidité d’éclosion est un atout face à une classe politique discréditée puisque cette rapidité est la visibilité de la non appartenance à la classe politique que l’opinion veut sanctionner. Donc l’idée très répandue en France de la “victoire à l’ancienneté” ne répond plus aux tendances du moment. L'opinion moderne s'alimente du neuf.
Les facteurs de ce séisme sont toujours présents. Peut-être d'ailleurs plus présents que jamais ?
Aujourd'hui, le duel du second tour (Macron / Le Pen) est structuré d'abord par deux incapacités :
- l'union des gauches parait impossible. Trois gauches se déchirent 28 % et s'auto-éliminent donc d'un second tour,
- la droite "classique" (RPR puis UMP puis LR) n'arrive pas à vivre un processus de désignation qui soit ouvert donc qui réponde à l'attente de neuf. Pour vivre une présidentielle, il faut un "trésor de guerre" donc les finances d'un parti. Mais encore faut-il que le parti ne soit pas qu'un trésor de guerre. Il lui faut un présidentiable capable de gagner. Aujourd'hui, cette droite a besoin de neuf, de vitalité, d'énergie, d'espoir. Elle peut vivre son sursaut avec un combattant de l'espoir et non pas des infirmiers de la crise. Deux ou trois noms ont ce profil : David Lisnard, Laurent Wauquiez ...
David Lisnard est probablement celui qui pourrait le plus bousculer la donne. Il est jeune. Maire d'une ville emblématique à la notoriété internationale. Charismatique sur des volets qui parlent aux jeunes (sports, événementiel ...). A l'écart des appareils politiques. Il a un profil de "Macron de droite". Son éclosion nationale est à surveiller.