John Doerr et Michelle Wu : les deux tournants décisifs de l'environnement
Deux faits méritent l'attention : la taxonomie européenne et la nouvelle accroche sur le droit à l'environnement sain. La taxonomie européenne c'est l'influence directe d'investisseurs américains qui ont engagé une bataille culturelle aux Etats-Unis sur le thème : "c'est la finance qui réformera la lutte contre le dérèglement climatique". Parmi ces "influenceurs" : John Doerr (photo ci-dessous).
La taxonomie européenne est un volet né suite à un rapport d'experts en mars 2020. Ce rapport a donné naissance à un 1er règlement publié en juin 2020. Règlement qui a valeur de déclarations d'intentions sur des priorités à venir mais non finalisées de façon précise.
L'objectif est simple : identifier 6 critères d'activités dites "durables" susceptibles de prioriser des investissements ou des assurances dans la logique de lutte pour le changement climatique.
La première étape est une étape positive visant à intégrer des segments de marchés dans des catégories favorables au développement durable et leur faire bénéficier de modalités bonifiées en matière de financements (obligations, fonds d'investissements ...) et d'assurances.
Pour des start-ups, il pourrait même y avoir des marchés obligataires dédiés dans des conditions très bonifiées.
C'est la traduction en Europe d'un courant de pensée très présent aux Etats-Unis selon lequel c'est par la finance que les évolutions économiques protectrices du climat interviendront.
Pour le second volet, c'est la logique de "l'environnement sain". “Le droit à un environnement sain” ou les nouveaux visages d'un droit à la santé : c'est une décision qui est passée inaperçue en France mais qui compte. Mardi, l'Etat de New York a décidé par référendum d'inscrire dans sa Constitution le droit à un air et à une eau propres : graver dans le marbre « le droit de chacun à bénéficier d’un air et d’une eau propres et d’un environnement sain ».
Les électeurs de l’Etat de New York se sont prononcés, à 60,8 % des suffrages pour modifier en ce sens leur Constitution, selon des résultats rendus publics ce mercredi 3 novembre. D'autres Etats américains avaient déjà adopté une telle décision. A Boston, la nouvelle Maire en a fait une priorité absolue. Mais là, ce qui est original, c'est la méthode choisie : un référendum “local”.
Et c'est l'inscription de priorités très finalisées : qualité de l'air et eau propre. Aux Etats-Unis, où les aspects judiciaires sont très importants, ces deux affirmations deviennent essentielles. Les particules fines sont reconnues comme une atteinte très grave à la santé, la cause de très nombreux décès. Une eau propre c'est une eau qui n'est pas soumise à une chloration permanente. Ce sont des canalisations sans la moindre amiante surtout si ces canalisations sont vouées à des usages très longs. Bref, sous cet angle, le droit à l'environnement sain c'est d'abord l'affirmation d'un droit à la santé. Une accroche nouvelle.