Super pumped : donner la visibilité au capital-risque américain
Canal+ diffuse actuellement une série TV qui mérite l'attention : Super pumped ou la face cachée d'Uber. Cette série remarquablement documentée met en évidence des traits caractéristiques du capital - risque américain qui nécessitent la réflexion. En une série TV explosent toutes les réalités qui ont mis en échec la "start up nation" à la française. Sur le fond, 4 différences essentielles entre le capital - risque américain et le capitalisme français.
1) Dès l'origine les fondateurs d'Uber pensent le monde. Cette logique est dans l'esprit initial de leur aventure. C'est une différence fondamentale avec la logique française qui pense "territoire national" voire européen mais rarement au-delà. 2) Cette conquête passe par le capital privé et non pas par des satellites de fonds souverains dépendant de décideurs publics. Cette logique donne une liberté d'action qui est considérable. 3) Ce capital privé "joue" son argent. Cette liberté procure une réactivité absolue. D'autant plus absolue que la notion de "risque" est culturellement acceptée. Il est possible de perdre à la condition que, dans au moins l'une des opérations, la rentabilité soit telle qu'elle compensera largement les échecs. 4) Ce qui compte c'est de faire vivre la différenciation positive qui répond aux besoins des clients. Le client est la mesure de tout. Il peut même devenir le "client citoyen" qui va permettre de peser sur le pouvoir politique pour débloquer une situation ou une évolution bloquée par les habitudes politiques.
A chacune de ces 4 étapes, le fossé se creuse avec la situation française. La logique mondiale crée des leaders mondiaux qui prennent des places de marchés fondamentales.
Le capital privé peut récompenser des initiatives très novatrices à l'écart des approches "moutonnières" qui, par le temps de réaction, poussent vers les places de seconds.
Tant que le capitalisme français ne vivra pas de telles révolutions, la logique des "licornes" restera un effet d'annonces davantage qu'une réalité.
Il y a actuellement une expérience d'entreprise à suivre avec attention : la reprise de Sigfox par UnaBiz. C'est peut-être l'aventure qui peut changer la donne car ses fondateurs (Henri Bong et Philippe Chiu) ont une culture entrepreneuriale en réelle disruption avec des habitudes françaises.
Si le succès mondial est au rendez-vous, c'est peut-être l'électrochoc qui fera école ... ?