Isère : la victoire de Camille Galliard-Minier
C'est une victoire porteuse de nombreux enseignements et de quelques interrogations. Les interrogations doivent être évoquées rapidement. Elles ont trait à la faible participation. Comment l'interpréter tout particulièrement sur Grenoble ? Faut-il y voir une indifférence passagère d'une partie de l'électorat de gauche ou une réelle volonté politique de ne pas participer compte tenu du candidat de gauche marqué LFI et parachuté ?
Dès l'absence de triangulaire à la différence de juin 2024, la victoire de Mme Camille Galliard-Minier paraissait probable. Son enjeu politique consistait à creuser un écart positif dans les Communes du Bas Grésivaudan et ne pas subir un écart négatif trop important sur Grenoble. L'écart positif sur le Bas Grésivaudan a été considérable : + de 8 000 voix. Et sur Grenoble, l''écart négatif a été très faible : - 30 voix. Donc un écart global considérable en sa faveur.
4 constats à méditer :
1) Rappeler que cette circonscription était historiquement celle de la droite dans le découpage de 1988. Grenoble et sa 1 ère couronne du bas Grésivaudan ont été alors découpées avec "intelligence politique" : chaque parti d'alors avait "sa" circonscription : la droite avec Grenoble-Meylan, le PCF avec la circonscription 2 et le PS avec la circonscription 3. Aucune de ces racines n'a résisté au temps.
2) Camille Galliard-Minier a mené une campagne de qualité avec une communication fraîche sans en faire trop. Elle a fait du terrain. Elle a été rassurante dans les débats mettant en relief une qualité intellectuelle incontestable. Sans que ce résumé ne puisse être considéré comme péjoratif, c'est la "bourgeoise centre gauche" qui rassure une large partie de l'électorat. La gauche y trouve ses racines comme en témoignent les soutiens des "historiques du PS" (Fioraso, Chiron, Giraud ...) et la droite a le sentiment de pouvoir voter pour une candidate de ce style sans se trahir.
3) La position globale du PS est à clarifier. Les instances nationales ont apporté leur soutien au candidat LFI. Les instances départementales du PS ont été d'une extrême discrétion et sur le terrain les vrais "influenceurs" du PS ont été aux côtés de Camille Galliard-Minier. Concrètement le candidat LFI n'a pas fait le plein des voix de la gauche, loin s'en faut. Est-ce l'annonce d'un positionnement de ce type lors des municipales ? Si ce décrochage est confirmé, c'est une nouvelle donne majeure pour les municipales locales et la bataille pour la présidence de la Métropole.
4) Jean Luc Mélenchon est-il en train de devenir pour la gauche le "Jean Marie le Pen" de l'extrême droite d'hier ? Pendant des décennies, la droite a payé un prix électoral lourd de sa division avec son extrême et un nom devenu répulsif compte tenu d'excès oratoires gravissimes. Jean Luc Mélenchon occupe-t-il désormais cette "case" vouant la gauche à vivre à son tour une division très lourde à assumer électoralement car clivant tout l'échiquier politique pour faire vivre de "nouvelles frontières" ?
Les prochaines semaines seront instructives en la matière.