Stephen Harper agite la menace d'élections anticipées
Stephen Harper informe l'opposition qu'un vote de défiance le conduirait à procéder à des élections anticipées.
"Bravade" ou "appel solennel" : toutes les hypothèses fusent. A l'approche de la prochaine session parlementaire qui s'ouvre le 16 octobre, le Premier Ministre semble vouloir en découdre avec un Parti Libéral très affaibli.
L'élection de janvier 2006 a permis de découvrir un nouveau premier Ministre âgé de 44 ans qui a mené une campagne électorale très offensive surfant sur une dénonciation permanente de la corruption, des affaires et emportant tout sur son chemin.
Emportant tout au point de pouvoir même se permettre de ne plus avoir à répondre aux critiques de ses concurrents sur une question qui n'est pas mineure puisqu'il s'agit pas moins que le " réalisme de son programme gouvernemental ".
Stephen Harper, leader du Parti Conservateur, souvent accusé d'une excessive proximité avec le Parti Républicain Américain, a conduit une campagne typiquement " républicaine ".
Sa campagne avait reposé sur trois socles.
Tout d'abord, l'axe central consistait à montrer que le pouvoir sortant ne " méritait plus la confiance ". Le pouvoir sortant est présenté comme ayant trahi en permanence le contrat confié par les électeurs. Cette dénonciation constante produit des conséquences tellement dévastatrices qu'il lui est ensuite possible de ne même plus avoir à répondre aux attaques de ce pouvoir sortant censé tromper les électeurs y compris sur les attaques portées contre le programme du Parti Conservateur.
De telles campagnes reposent sur une vision très simplificatrice des choses avec une diabolisation absolue du concurrent principal qui termine la confrontation électorale entièrement détruit. C'est la technique du parti républicain américain depuis la campagne de Reagan en 1980. Seules deux campagnes ont été moins manichéennes (celle de G. Bush en 1992 et celle de B. Dole en 1996). Ces deux campagnes se sont soldées par deux échecs. Les succès des autres campagnes comme ces deux échecs ont convaincu que la " nuance est faiblesse ".
Ensuite, la confiance rétablie en chassant ceux qui l'ont trahie donne place à l'appel à des sentiments patriotiques et optimistes. Les spots publicitaires sont alors d'une remarquable efficacité et constituent des " petites histoires " simples et rassurantes du pays remis sur le bon chemin où chacun peut apprécier les jolis paysages ruraux, soleil et drapeau flottant fièrement au vent.
A l'âge de la vidéo-politique, l'impact de telles mises en scène émotionnelles est considérable.
Enfin, toute apparition publique du candidat en dehors de sa capacité à incarner les deux premières valeurs (confiance et patriotisme) est terriblement encadrée pour " éviter la gaffe ".
Les débats publics perdent tout sens puisque cette protection consiste uniquement à ne plus s'exposer. Les réponses les plus convenues sont alors utilisées. En dehors de ses thèmes de prédilection, le candidat fait de la " photo opportunity " c'est-à-dire une représentation visuelle sympathique et consensuelle.
Le plus étonnant c'est que face à cette technique le concurrent principal tarde toujours à adopter les mêmes armes. Les 1ers à s'en apercevoir trop tard furent J. Carter puis W. Mondale face à la tornade Reagan mais aussi Dukakis face à Bush et dernièrement Kerry face à l'offensive décisive de GW Bush en août 2004.
Quand chaque semaine devient pire que la précédente, des modifications majeures sont alors apportées mais c'est trop tard. Bien davantage l'opinion publique n'apprécie pas ce changement de cap et l'agressé devient agresseur.
La victoire surprise de janvier 2006 fut uen victoire de rejet du parti Libéral. Aller vers des élections anticipées permettrait de bâtir une nouvelle campagne sur des bases anti-Parti Libéral.