Al Gore recueille un concert unanime de louanges
Al Gore prône l'économie des ressources au moment où il bénéficie d'une débauche de félicitations pour son prix Nobel.
Présenter l'actuel parcours d'Al Gore, c'est remettre en question trois idées très souvent répandues dans la politique américaine :
* une fois passées les divergences des campagnes électorales, chaque nouveau Président est victime d'une marge de manoeuvre très réduite une fois porté au pouvoir,
* après une présidentielle perdue, toute candidature à une nouvelle présidentielle est très difficile voire impossible,
* un Vice-Président, candidat battu à la présidentielle, est voué à une retraite dorée inactive se réduisant à des actions honorifiques symboliques.
Al Gore fait actuellement exploser ces trois " idées reçues ".
Sur le premier point, il est parfois impressionnant d'imaginer l'impact d'un scrutin présidentiel 2000 portant à la Présidence des Etats-Unis Al Gore et non pas GW Bush. Il importe de préciser que le 7 novembre 2000 Al Gore a obtenu 550 000 voix de plus que son adversaire sur l'ensemble du territoire américain. Mais seul le système des grands électeurs et la victoire de GW Bush en Floride le privent de la victoire " officielle ". En Floride, officiellement, GW Bush a gagné avec 537 bulletins d'avance sur un total de 6 millions. Les recomptes financés par des journaux indépendants vont fréquemment remettre en question ce " résultat officiel ".
Al Gore a fait preuve d'un immense sacrifice pour les Institutions de son pays car il aurait pu paralyser la désignation du Président pendant des mois.
Sa personnalité est atypique. Trois anecdotes la résument.
En 1965, dans l'almanach de fin d'année d'une école privée St Albans de Washington figure une photo de 51 élèves de classes terminales. Sous le portrait de l'un d'entre eux figure une phrase d'Anatole France " les gens sans défaut sont terrifiants ". Ce portrait est celui d'Al Gore qui a choisi une formule d'un auteur français.
Son père est Sénateur du Tennessee. Al Gore vit pour partie à Carthage, petite ville à l'est de Nashville dans le Tennessee.
Le 7 août 1969, par amour pour son père afin de ne pas le mettre en difficulté dans cette période très controversée, Al Gore se porte volontaire pour le Vietnam tout en sachant pourtant combien cette guerre suscitait son hostilité.
En 1989, son fils Albert, alors âgé de 6 ans, est victime d'un très grave accident automobile. Al Gore se retire de la politique et il faudra attendre le 9 juillet 1992 pour le voir ré-apparaître sur le ticket démocrate avec Bill Clinton alors même que depuis 1988 tout le prédisposait à la 1ère place des candidats démocrates.
L'actuelle percée d'Al Gore s'explique par le retour à de " nouvelles valeurs " que l'opinion publique américaine entend promouvoir dont celles d'un Amérique plus respectueuse de ses partenaires internationaux comme des questions d'environnement.
Dans ce contexte, Al Gore a le profil de cette réconciliation. Mais aura-t-il encore la volonté de s'infliger la redoutable épreuve d'une campagne électorale ? Cette perspective s'éloigne de plus en plus.