Alain Juppé est, à droite, le grand perdant de l'année politique 2007
Alain Juppé a connu une année 2007 l'installant aux premières places des perdants au rebond désormais difficile. Une situation particulièrement douloureuse et non méritée pour ce brillant responsable politique qui n'a jamais pu conclure la carrière programmée.
Bordeaux est l'une des villes qui retiendra le plus l'attention lors des prochaines élections municipales.
La défaite de son Maire lors des dernières législatives a ouvert le spectre des possibilités avec l'éventualité de plus en plus forte d'un échec de la majorité sortante.
La campagne d'Alain Juppé repose sur un retour aux sources d'août 2006 : un style marqué par la simplicité, la clarté et la proximité.
Le message de fond s'articule autour d?une idée : l'efficacité. L'idée majeure consiste à créer les conditions de reconduction de confiance au profit d'une équipe municipale qui a fait ses preuves.
Les actions visent à éviter deux écueils :
* ne pas tomber dans le triomphalisme,
* ne pas développer un axe trop personnel.
En août 2006, l'axe stratégique avait été simple : une campagne humble pour passer un message simple : ne pas casser le développement municipal engagé sous Alain Juppé.
Cette campagne se définissait d'abord par ce qu'elle refusait d'être :
* ne pas créer d'évènement,
* ne pas accélérer des initiatives majeures.
C'est la proximité de terrain qui communiquait.
C'est le retour à cette logique.
C'est désormais le terrain qui va communiquer.
La campagne électorale de Bordeaux s'annonce davantage comme une campagne d'information voire même de relations publiques qu'une campagne de publicité.
La campagne d'information vise à rendre compte dans le détail des actions conduites ou à conduire.
C'est la référence explicative permanente sur le quotidien de proximité.
La campagne de relations publiques, c'est la rencontre organisée avec des auditoires segmentés permettant l'échange sur des thèmes précis.
Cette logique marque une inversion totale des approches classiques hier dominées par la publicité et complétées par l'information et les relations publiques.
Dans une ambiance marquée par l'attente de neuf et de renouvellement, cette logique d'efficacité par la proximité suffira-t-elle ?
En réalité, la campagne de Bordeaux sera intéressante à suivre pour déterminer la capacité d'un Maire talentueux à gagner trois enjeux :
1) la capacité à recréer l'évènement alors même que la continuité crée l'usure. Parviendra-t-il à faire naître du neuf et si oui comment ?
2) Comment démultipliera-t-il sa communication en mobilisant les relais et en faisant vivre une équipe non écrasée par la forte personnalité de son leader ?
3) Accélérer les initiatives reposant sur l'adhésion des citoyens comme symbole d'un nouveau Bordeaux.
Comme le salut est dans le neuf, l'enjeu réside donc dans la capacité à créer du neuf.
Dans ce neuf, Alain Juppé a un défi personnel qui consiste toujours à humaniser son tempérament.
Il incarne à l'excès une génération "d'élus sans le peuple".
Il doit renvoyer à de l'histoire ancienne bon nombre des reproches qui peuvent être formulés sur son ancrage symbolique à un régime d'antan que les Français ont souhaité ranger dans les archives en 2007.
Il doit trouver et incarner une "nouvelle jeunesse".
Les Français ont un tel besoin de neuf qu'ils se tourneront inéluctablement vers les jeunes qui incarneront l'énergie, le changement, la modernité.
Il ne s'agit plus de tracer sa route mais d'ouvrir de nouvelles voies. Sacré défi !
S'il ne gagne pas les municipales, Alain Juppé incarnera un exemple triste de rendez-vous manqué avec le sommet de la République alors même que tout le vouait à un tel destin.