Stephen Harper fait de la surenchère sur la question des affaires
Stephen Harper poursuit le Parti Libéral dans l'affaire Chuck Cadman et demande 2, 5 millions de dollars contre le Parti Libéral.
Un journaliste a révélé que Chuck Cadman s'était vu offrir par deux émissaires du Parti Conservateur une assurance vie d'un million de dollars en contrepartie d'un vote contre le budget du Parti Libéral et contribue ainsi à le renverser.
Le Parti Libéral s'empare de telles révélations et s'expose à une poursuite pour diffamation qui est une première de la part d'un Premier Ministre en exercice.
Cette intitiative montre la volonté de surenchère de S. Harper qui avait fait de la lutte contre les affaires le socle de sa campagne.
Sa campagne victorieuse de janvier 2006 a en effet reposé sur trois socles.
Tout d'abord, l'axe central a consisté à montrer que le pouvoir sortant ne " méritait plus la confiance ". Le pouvoir sortant était présenté comme ayant trahi en permanence le contrat confié par les électeurs. Cette dénonciation constante a produit des conséquences tellement dévastatrices qu'il lui est ensuite possible de ne même plus avoir à répondre aux attaques de ce pouvoir sortant censé tromper les électeurs y compris sur les attaques portées contre le programme du Parti Conservateur.
De telles campagnes reposent sur une vision très simplificatrice des choses avec une diabolisation absolue du concurrent principal qui termine la confrontation électorale entièrement détruit. C'est la technique du parti républicain américain depuis la campagne de Reagan en 1980. Seules deux campagnes ont été moins manichéennes (celle de G. Bush en 1992 et celle de B. Dole en 1996). Ces deux campagnes se sont soldées par deux échecs. Les succès des autres campagnes comme ces deux échecs ont convaincu que la " nuance est faiblesse ".
Ensuite, la confiance rétablie en chassant ceux qui l'ont trahie donne place à l'appel à des sentiments patriotiques et optimistes. Les spots publicitaires sont alors d'une remarquable efficacité et constituent des " petites histoires " simples et rassurantes du pays remis sur le bon chemin où chacun peut apprécier les jolis paysages ruraux, soleil et drapeau flottant fièrement au vent.
A l'âge de la vidéo-politique, l'impact de telles mises en scène émotionnelles est considérable.
Enfin, toute apparition publique du candidat en dehors de sa capacité à incarner les deux premières valeurs (confiance et patriotisme) est terriblement encadrée pour " éviter la gaffe ".
Les débats publics perdent tout sens puisque cette protection consiste uniquement à ne plus s'exposer. Les réponses les plus convenues sont alors utilisées. En dehors de ses thèmes de prédilection, le candidat fait de la " photo opportunity " c'est-à-dire une représentation visuelle sympathique et consensuelle.
Ce rappel montre, si besoin était, que S. Harper ne pouvait se laisser développer l'actuel climat de mise en doute du Parti Conservateur.