Bertrand Delanoë deviendra-t-il un Tony Blair à la française ?
Bertrand Delanoë a tous les atouts pour être un Tony Blair à la Française, c'est à dire un leader qui bouscule les héritages d'un parti.
La France connaît une nouvelle forme de cohabitation. Hier, cette originalité politique concernait les rapports de pouvoirs au sein de l'exécutif.
Aujourd'hui, la cohabitation semble concerner les relations entre le pouvoir national et le pouvoir local.
Pour le pouvoir national, l'opinion confie les responsabilités à la droite depuis 1995 avec une certaine constance comme si elle avait le sentiment que la droite était la mieux placée pour gérer l'appareil d'Etat avec efficacité, réalisme et sérieux.
Pour le pouvoir local, l'opinion fait confiance à la gauche qui, depuis 1995, enregistre des succès de première importance au point progressivement de détenir l'essentiel du pouvoir local : régions, départements et grandes villes. A ce niveau local, la gauche incarnerait la solidarité, la qualité de vie, la proximité ?
Dans ce schéma politique, Bertrand Delanoë occupe une position emblématique. Maire de Paris, il est à la tête de la Ville qui incarnait le pouvoir de droite jusqu'en 1995. Ce même pouvoir qui servait de rampe de lancement à la conquête du pouvoir d'Etat.
Depuis un semestre, manifestement remis de la défaite de la conquête olympique, Bertrand Delanoë incarne le pouvoir local socialiste, imaginatif, bon gestionnaire, tolérant ...bref, paré de la quasi-totalité des qualités d'un pouvoir moderne.
Les derniers sondages lui donnent même la possibilité d'être élu dés le premier tour ? C'est dire si Delanoë est en forme.
Delanoë est porteur de trois nouveautés fortes.
D'abord, il est le Maire de l'image. C'est un excellent communicateur qui a le sens de la "vague" et surfe habilement sur les grandes modes culturelles à l'exemple du vélo pour "libérer" les villes des automobiles.
Le Maire à la mode n'est plus aujourd'hui un excellent gestionnaire. Il doit être d'abord un communicateur hors pair.
Ensuite, par l'originalité de ses initiatives, il flatte la "fierté d'appartenance". Paris n'est pas une capitale administrative. C'est d'abord une capitale de qualité de vie. Il a entièrement modifié l'image de marque de Paris. Les images portées par la multiplication de films ont considérablement impacté ce volet de sa gestion. La Ville est redevenue belle aux yeux des non-parisiens.
Enfin, Bertrand Delanoë incarne l'imagination tolérante. C'est aujourd'hui le profil attendu par la nouvelle génération pour la qualité dominante d'un Maire. Le terrain local devient un théâtre d'expérimentation notamment en matière culturelle, sportive, festive ? Autant de domaines où Delanoë est véritablement devenu une sorte d'icône.
Le tremplin des municipales peut-il lui assurer un statut performant de présidentiable ?
Il lui appartient de trouver sur le plan national le même statut emblématique qu'à Paris et le route vers la présidentielle s'ouvrira. Pour cela, il lui revient de s'extraire des vieux clivages pour ouvrir une nouvelle ère : celle de Bertrand Delanoë.