UMP et PS : vers la fin des "primaires à la Française"

  • Segolene Royal
  • Martine Aubry

Les "primaires à la Française" vivent-elles leurs derniers jours ?

La situation du PS ajoute à la charge contre le déroulement des "primaires à la Française". A l'origine, les intentions étaient bonnes. Il s'agissait de copier le dispositif à l'Américaine pour introduire davantage de démocratie dans les formations politiques Françaises.

Mais cette volonté louable ne comptait ni avec la dimension de la France ni avec une culture différente. Là où les Etats-Unis peuvent compter sur des millions de votants garantissant une représentativité solide ; en France, ce sont seulement des dizaines de milliers de votants sur le plan national et quelques milliers sur le plan local pour les Départements les plus actifs.

La primaire démocrate 08 a mobilisé plus de 40 millions de votants. Hillary Clinton a été battue en ayant recueilli plus de 18 millions de voix. On est loin des 50 000 votants par candidat du PS avec une différence qui reposait sur 100 voix par Département avant d'arriver à la situation ultime des 42 voix d'avance de cette nuit.

La faiblesse du corps électoral nuit dangereusement à la qualité du résultat ce d'autant plus que, même dans un collège de militants, la participation s'élève à 60 % dans le meilleur des cas. On arrive donc à des scores qui garantissent une victoire en ayant mobilisé en réalité 30 % d'un échantillon restreint.

Qui peut dire que la démocratie est gagnante dans ces conditions.

Bien davantage, ces scrutins semblent échapper aux règles du droit électoral coutumier. Il ne s'agit pas là d'un volet anecdotique qui pourrait relever de commentaires de "brèves de comptoirs" ou d'accusations à la légère selon le refrain des cours de maternelle "c'est toi qui l'a dit, c'est toi qui l'est".

Dans une vie publique saine et loyale, le respect du suffrage universel doit dépasser des considérations partisanes pour relever du "sacré" car c'est le respect de la liberté d'opinion et de la liberté d'expression. Or, trop de consultations internes à des formations politiques s'éloignent de ce principe fondamental comme si la course au pouvoir interne pouvait justifier tous les moyens.

Pour ces deux raisons, il paraît probable que, dans l'attente de nouvelles modalités techniques d'organisation, on assiste de fait à une contestation sérieuse des "primaires à la Française".

  • Publié le 22 novembre 2008

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