Michel Barnier, Vincent Peillon et la mode Facebook
Que cache "la mode Facebook" qui semble désormais un point de passage obligé pour une "campagne moderne" ? Hier, on n'avait pas de pétrole mais on avait des idées. Aujourd'hui, faut-il ouvrir un espace facebook pour avoir des idées ... ?
Débute actuellement une tendance qui à terme peut être "révolutionnaire" : la perte de pouvoir des élus face à la prise de pouvoir des citoyens.
Une évolution accélérée intervient passant de la démocratie représentative à la démocratie directe. Dans les dernières décennies, le pouvoir politique a souvent reculé face à d'autres pouvoirs. La crise économique est une illustration de l'abandon de régulations politiques face aux marchés financiers. Les pouvoirs politiques ont cédé leurs leviers aux Banques Centrales dans des conditions quasi-absolues au point que les positions de ces établissements étaient devenues "intouchables". Elles s'imposaient comme une forme d'oracle à l'abri de toute contestation.
Facebook traduit la même tendance : accepter de s'en remettre à une expression organisée d'une partie de l'opinion publique qui fait le débat puis la décision ou du moins la conditionne fortement.
S'agit-il d'un progrès de la démocratie ?
Cette évolution est une réaction ponctuelle face à un sentiment de confiscation de la démocratie. Cette dernière n'est pas parvenue à trouver des formes organisées de participation en dehors des élections.
Internet et Facebook deviendraient la "solution miracle" pour permettre cette "démocratie participative" permanente. Cette appréciation ne correspond pas du tout à la réalité.
La réalité c'est que ces supports n'offrent aucune garantie quant à la représentativité des opinions exprimées. Bien davantage, toutes les études disponibles attestent que la " majorité silencieuse " est peu impliquée par de tels supports qui mobilisent surtout les très favorables et les très défavorables.
Mais encore, même si une forme de représentativité pouvait exceptionnellement être reconnue, la démocratie directe d'opinion n'est pas mécaniquement une forme de progrès dans le fonctionnement d'une démocratie. Si tel était le cas, "la démocratie des sondages" se serait installée depuis longtemps.
Derrière Facebook, chacun perçoit bien que l'enjeu est la définition de la démocratie moderne qui doit trouver un nouvel équilibre pour s'éloigner de l'élitisme qui isole sans tomber dans le populisme qui réduit.