Ségolène Royal casse le politiquement correct
La leader socialiste est à ce jour la seule à intégrer deux nouvelles données : l'hyper-visibilité incontournable et le nouveau timing de la présidentielle.
Au lendemain de la présidentielle 2007, la France a ouvert le débat sur le nouveau rythme de communication. Jean-Louis Missika (Le Monde 05/09/07) puis Alastair Campbell (Le Monde 17/09/07) ont exposé avec détails et conviction les enjeux de ce sujet.
Au-delà des divergences, il y a un constat commun. La nouvelle ère de communication réside dans le fait de considérer l'opinion comme seul interlocuteur permanent.
L'hyper-visibilité est devenue une nécessité. Elle est la seule façon de maintenir le lien avec un public de plus en plus exposé à des messages divers et de plus en plus exigeant.
Alastair Campbell (ancien Conseiller de Tony Blair) rappelle l'expression d'usage " il faut faire la météo ". L'enjeu consiste donc à préempter le terrain et à imposer aux autres d'y venir.
Pour cela, une nouvelle méthode voit le jour aux US qui est celle de la communication par un mot.
Il s'agit de prendre une marque ou le positionnement d'un homme politique et de travailler son pouvoir d'évocation par la technique de l'entonnoir : les 100 mots, puis les 50, puis les 20 et le mot clef qui résume tout.
C'est ce mot clef qu'il faut matraquer en permanence pour que l'opinion le reçoive, l'enregistre, l'accepte, se l'approprie.
Dans la journée, tout est zapping.
Pour échapper à cette érosion immédiate, le message doit être percutant, concret, unique et répété.
Il doit être unique dans son évocation mais multiple dans ses applications. Parce qu'il est unique dans son évocation, il admet la répétition qui est la meilleure garantie de sa perception.
C'est la technique mise en application par Nicolas Sarkozy avant la présidentielle 2007.
Ségolène Royal a choisi de casser le " politiquement correct ".
La polémique enfle à cet instant. Elle se calme et il ne reste que le pouvoir d'évocation quand quelques jours plus tard l'opinion est passée à un autre sujet.
Cette méthode ne résiste pas devant deux assassins :
les voix divergentes dans son propre camp qui imposent de démultiplier les messages donc de sortir de la logique de l'unicité,
l'erreur sur le message attendu par l'opinion.
C'est une nouvelle technique de communication qui voit progressivement le jour. Elle porte en elle la sur-exposition donc une usure accélérée.
Mais dans l'attente d'en découvrir tous les aspects négatifs, pour l'instant elle s'installe comme la clef du succès ; ce qui est loin d'être négligeable...