Dominique de Villepin, Ségolène Royal et François Bayrou engagés dans la course à l'héroïsme

Une nouvelle tendance structurante naît avec la crise : l'appel à l'héroïsme intellectuel. Le vainqueur dans cette course a de grandes chances de préempter la victoire pour 2012.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la société industrielle s'est construite autour de repères simples : le bien-être matériel croissant dans un environnement international de plus en plus pacifique.

De temps en temps, des remises en cause ponctuelles intervenaient. La richesse était perçue comme inéquitablement répartie. Le progrès technologique accéléré n'était pas source d'émancipation de l'être humain. Des explosions étaient alors l'occasion d'exprimer un ras le bol mais il n'y avait pas de crise de la société sous la forme d'une crise systémique de la société marchande.

Des situations aliénantes étaient dénoncées dans un contexte global qui s'était progressivement imposé comme sain.

La crise actuelle est d'une autre nature.

Elle porte en elle un sentiment global de faillite généralisée. Les outils ont dépassé une certaine dimension et accéléré une perception d'exploitation qui avait disparu. Bien davantage, cette société libérale donne l'image d'une dévalorisation de la place de l'être humain.

La notion de classe s'était dissolue dans une tendance durable au progrès.

Cette notion de classe revient sur le devant de la scène sur des bases nouvelles.

Pour qu'il y ait une conscience de classe, plusieurs facteurs doivent en effet être réunis :
- l'individu estime que l'amélioration de sa situation ne peut être que le résultat de l'action collective et non plus le résultat des efforts individuels d'intégration,
- la violence remplace la négociation comme moyen d'obtenir des classes possédantes les avantages jugés équitables,
- la conscience de classe naît comme agent de transformation de la société bien davantage que toute autre appartenance. par une séparation binaire : les nantis et les autres.

Les "autres" c'est-à-dire le très grand nombre considèrent qu'ils ne sont plus invités au banquet et ils ont alors l'irrésistible envie de renverser la table...

Les nantis sont ceux qui, bien que souvent pour partie fauteurs de crise, échappent à la crise en accumulant des richesses qui deviennent des provocations.

Avec un tel climat, une nouvelle génération de leaders émerge : celle de l'héroïsme intellectuel avec la quête d'une nouvelle morale. C'est le créneau que se partagent, avec des styles différents, Ségolène Royal, Dominique de Villepin et François Bayrou.

Avec un sentiment d'autocritique fait de conscience diffuse de myopie voire de soumission à des impostures, l'opinion attend des ruptures radicales. Plus ces ruptures tardent, plus la colère monte.

La société libérale était d'abord un produit du rationalisme. C'était la vision d'une société gagnant en cohérence qui installait progressivement une justice universelle.

Le voile s'est déchiré. Le temps des épreuves fait émerger de nouveaux centres de gravité sur le plan international comme à l'intérieur de chaque pays.

La crise révèle un anti-humanisme qui installe au grand jour une " morale des forts " qui ramène à de vieux clichés entre "la morale des maîtres" et "celle des esclaves". Le fort agit à sa guise, comme il veut, par-delà le bien et le mal.

C'est ce climat qui fonde et légitime actuellement une violence inhabituelle dans sa pratique comme dans son acceptation par le grand nombre.

Le pouvoir ne pouvait prendre ce tournant que par l'exemplarité irréprochable. Ce tournant raté, la course aux nouveaux repères s'ouvre dans des conditions nouvelles comme le montre la déclaration ci-dessous de Dominique de Villepin sur les médias qui va bien au-delà de celle de François Bayrou ayant justifié sa première percée lors de la présidentielle 2007.

  • Publié le 11 avril 2009

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