Ségolène Royal occupe le vide de la campagne Européenne
Avec ses nouvelles "excuses", la leader socialiste met en évidence une situation jusque là cachée par les télévisions "institutionnelles". Mais surtout, elle occupe eficacement le vide de la campagne Européenne.
Une campagne électorale, au-delà de la spécificité de chaque consultation, c'est l'existence de 4 données :
- l'identification à un moment précis de la rencontre entre l'attente de l'opinion et le profil perçu d'un candidat,
- une rencontre qui exige des efforts d'autant plus importants qu'il n'y a plus une opinion mais des opinions aux attentes diverses, aux comportements de plus en plu différents et surtout soucieuses que de leurs propres problèmes,
- cette identification passe par la personnalisation d'une offre face à cette demande,
- une personnalisation qui sache gérer la primauté de l'image pour faire passer ses messages avec une certaine intensité pour s'imposer dans le flot des informations.
Ces " fondamentaux " montrent combien la " campagne Européenne " 2009 est actuellement éloignée de toute organisation classique.
Il n'y a pas un candidat mais autant de candidats que de circonscriptions des " grandes régions électorales ".
L'offre réelle pratique de ces candidats est inconnue à ce jour.
Les médias importants ne font pas vivre l'actualité de la campagne à supposer qu'il y en ait une. Mais sans efforts des médias, il est certain qu'il n'y en aura jamais.
Le seul enjeu qui puisse réveiller la campagne passe par la définition d'un modèle Français qui puisse inspirer une Europe séduisante.
L'enjeu est simple. Il faut réveiller les Français. Ils doutent quant à leur identité. Leur volonté de "vivre ensemble" s'estompe en raison d'une poussée de cultures différentes clivantes, voire même d'intérêts de classes qui s'opposent.
Ce climat est peu propice aux efforts collectifs pourtant nécessaires pour sortir de la crise.
Sur le plan extérieur, les citoyens Français entendent parler d'un "modèle Américain" restauré avec l'accession au pouvoir de Barack Obama.
Cet enjeu conceptuel trouve son creuset dans la certitude de singularité et d'exemplarité qui berce les Français depuis de nombreuses décennies au moins.
Avec de tels repères culturels, il est difficile de ne pas concevoir un modèle ambitieux.
L'enjeu est de construire un patriotisme moderne, une sorte de nationalisme contemporain.
En août 1914, Poincaré écrivait : "la France sera héroïquement défendue par tous ses fils dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée".
Aujourd'hui, " l'ennemi ", c'est la crise, le chômage, la pauvreté ââ¬Â¦
Il faut identifier, conceptualiser, concrétiser la "guerre pacifique" qui peut justifier une telle union sacrée. Cet enjeu est d'autant plus important qu'il cache un nouveau positionnement du " pouvoir " qui soit davantage à l'écoute, plus proche, plus exemplaire.
Celui qui parvient à s'associer au "réveil" à partir d'un projet mobilisateur, c'est l'ensemble de l'image de son image de marque qui en sera transformée à tous les échelons.
Pour le moment, personne n'y parvient. Mais cet enjeu a-t-il seulement un candidat ?
Face à ce vide, Ségolène Royal pointe les maladresses, les erreurs, voire les fautes de Nicolas Sarkozy.
Elle occupe l'espace pour construire une identité par la négation.
Elle se définit par tout ce qu'elle n'accepte pas.
Elle le fait dans des termes atypiques comme si le "prochain pouvoir" était déjà en marche et demandait que des "pages soient tournées". La réaction de l'opinion à terme sur cette pratique sera très intéressante tant c'est un positionnement inhabituel.