Ségolène Royal comme électrochoc pour le PS
A quelques heures du meeting de Rezé, la leader socialiste sait qu'elle doit provoquer un électrochoc pour sauver le PS d'une défaite annoncée.
Ségolène Royal a été en effet la première à percevoir trois tendances nouvelles dans le débat politique Français :
- le besoin d'intimité que la candidate à la présidentielle 2007 a assumé à cette époque en exposant avec intensité et détails son parcours personnel, sa jeunesse, les difficultés rencontrées, son tempérament,
- le besoin de dialogue conçu comme un outil de meilleure considération des citoyens permettant de nouer un rapport différent entre les responsables politiques et les citoyens.
- enfin, l'attente de l'électorat désireux de s'émanciper des clivages traditionnels droite / gauche en mettant en évidence de nouvelles valeurs dont cette notion " d'ordre juste ".
Mais après la présidentielle, Ségolène Royal a été victime de deux phénomènes qui plombent le PS.
Elle a été en effet victime de l'incapacité pour la gauche à vivre l'après Mitterrand. François Mitterrand n'a pas d'héritier, pas davantage de successeur. Il n'avait pas désigné de dauphin. A sa disparition, c'est donc un paysage vide qui est apparu. Il a concentré tout au long de sa carrière l'ensemble de ses immenses capacités intellectuelles et oratoires à rassembler sur son nom des notions contradictoires voire même rivales. Son style de gouvernement s'est d'ailleurs fortement inspiré de cette capacité permanente aux compromis, au pragmatisme, aux captages d'héritages dans des domaines politiques les plus divers.
Cet art n'appartenait qu'à lui.
C'est la raison pour laquelle François Mitterrand n'a pas laissé d'héritier, de successeur, de dauphin.
Seconde difficulté, Ségolène Royal ne parvient pas à créer un désir d'élection. En 2006, elle a su faire naître un désir de candidature. Mais depuis cette époque, elle bute sur le transfert en faveur d'un désir d'élection.
Son offre politique retient manifestement l'attention. Elle choque parfois. Mais elle a du mal à installer une offre neuve, cohérente, complète sur les sujets d'actualité.
Elle a ce soir le redoutable défi de réveiller l'électorat socialiste qui est en plein désarroi. Si elle y parvenait, ce serait une étape importante pour la pré-campagne 2012.