Dominique de Villepin et le nouveau "modèle Français"

Fin juin, l'ancien Premier Ministre devrait tenir une conférence sur les "questions intérieures". Un sujet très attendu car son dernier article dans Le Monde le positionne en proposant d'un nouveau modèle Français.

Depuis l'arrivée de la crise économique, la notion de " modèle français " redevient d'actualité.

L'enjeu est simple. Il faut aider les Français à prendre conscience de certaines spécificités positives au moment où ils collectionnent les doutes voire les angoisses.

En effet, ils doutent quant à leur identité. Leur volonté de " vivre ensemble " s'estompe en raison d'une poussée de cultures différentes clivantes. Une apathie générale s'installe. Ce climat est peu propice aux efforts collectifs pourtant nécessaires dans de multiples domaines.

Le pays est en mal de rêve et de sens.

Cette attente sera le probable enjeu prioritaire de la prochaine présidentielle.

De nombreux facteurs peuvent, dés à présent, laisser prévoir que la définition " d'un modèle français " sera au centre des débats de la prochaine élection présidentielle. Il ne peut seulement être question de rupture ou " d'exception française ".

La notion de rupture constitue une étape déjà " digérée " par l'opinion publique qui a perçu depuis longtemps que la Vème République était à bout de souffle. La cohabitation, le changement de la durée du mandat présidentiel, le sentiment diffus mais généralisé de crise permanente... autant de situations qui font qu'il ne serait pas crédible de se présenter à la prochaine élection présidentielle en offrant comme perspective la simple continuité matinée d'un léger changement. Le besoin de rupture est acquis dans l'opinion publique. Un besoin déçu par les difficultés rencontrées en la matière par l'actuel Président.

Peut-il être alors simplement question de préserver une ou des " exception(s) française(s) " ?

La notion même " d'exception française " est par définition très restrictive et défensive. Il s'agit de protéger des droits acquis. Il n'est pas question de les exporter voire même d'en conquérir de nouveaux.

Ces deux notions ne peuvent constituer " des drapeaux " mobilisateurs à la hauteur des défis du moment.

Le vrai défi : concevoir la réconciliation autour du contenu concret d'un modèle français

Cet enjeu conceptuel trouve son creuset dans la certitude de singularité et d'exemplarité qui berce les Français depuis de nombreuses décennies au moins. Avec de tels repères culturels, il est difficile de ne pas concevoir un modèle ambitieux. L'enjeu est de construire un patriotisme moderne, une sorte de nationalisme contemporain.

En août 1914, Poincaré écrivait : " La France sera héroïquement défendue par tous ses fils dont rien ne brisera devant l'ennemi l'union sacrée ". Il faut identifier, conceptualiser, concrétiser la " guerre pacifique " qui peut justifier une telle union sacrée. Cet enjeu est d'autant plus important qu'il cache un nouveau positionnement du " pouvoir ". Le pouvoir est aujourd'hui perçu comme un briseur d'énergie, un frein, un casseur de vitalité.

S'il parvient à s'associer au  " réveil " à partir d'un projet mobilisateur, c'est l'ensemble de l'image de marque de Dominique de Villepin qui en sera transformée , c'est dire l'importance de cet enjeu.

  • Publié le 3 juin 2009

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