Daniel Cohn-Bendit ou le succès de l'esprit de 68 actualisé
Le phénomène de mode dont bénéficie Daniel Cohn-Bendit est porteur d'enseignements forts sur l'actuel état de l'opinion Française.
Au-delà des clichés, l'esprit de Mai 1968, c'est d'abord l'aspiration à la liberté.
Cette aspiration a d'ailleurs à l'époque largement dépassé le territoire Français comme le seul rapport politique de forces.
Elle a contaminé la Tchécoslovaquie, les Noirs aux Etats-Unis, la Pologne, Berlin ââ¬Â¦
Elle a concerné certes un nouveau rapport de pouvoir mais aussi et bien au-delà dans les relations familiales, sexuelles, culturelles...
Par cette force, Mai 68 est une indiscutable référence.
C'est le repère historique d'un temps nouveau : celui d'une liberté nouvelle par l'affirmation face au conformisme.
L'esprit de mai 68, c'est en effet d'abord le refus du conformisme.
La véritable réussite de la communication de Daniel Cohn-Bendit lors des Européennes a consisté à incarner une version moderne de ce refus du conformisme. Il est celui qui a cassé tous les codes pendant la campagne : du code vestimentaire au code d'expression en passant par la logique différente de son positionnement personnel. Il y avait le conformisme de tous les autres et sa liberté rebelle.
Il était rebelle mais pas révolutionnaire.
Dans ce domaine, l'offre de Cohn-Bendit est intéressante parce qu'elle ne semble pas illusoire. C'est une rupture mais pas une révolution.
Il expose un ensemble de mesures pratiques et non pas une nouvelle idéologie. Ce dernier volet est d'ailleurs à terme le probable défi majeur pour les écologistes que de ne pas retomber dans l'approche idéologique qui inquiète.
Chacun perçoit qu'il importe d'évoluer vers de nouveaux équilibres. Ce ne sont pas des bouleversements brutaux qui feront naître ces nouveaux équilibres. Ce sont des mesures concrètes, identifiées, réalistes. Sous cet angle, Cohn-Bendit semble avoir tiré le meilleur de l'esprit de 68 et abandonné les illusions d'antan.