Manuel Valls et l'élection éclatée
Face à la perte d'influence des partis politiques, la tentation sera de plus en plus grande de transformer le premier tour de la présidentielle en primaire généralisée.
La position de Martine Aubry est difficilement concevable.
Au moment où le Chef de l'Etat mène une offensive médiatique considérable (entretien dans l'Express + entretien au Nouvel Obs + France 5 + Canal + France 2 + ...) en moins de trois semaines, la leader socialiste se comporte en chef de parti ayant pour priorité de faire taire toute voix dissonante au sein du PS.
Depuis le 7 juin, le PS est groggy. Faute de projet fort, son état-major parle fort.
La nouvelle génération du PS qui refuse le "socialisme hôtelier" s'expose alors des conditions incompréhensibles qui rappellent les réactions du PCF face à ses rénovateurs.
Le "socialisme hôtelier", c'est la voie de la facilité empruntée par de nombreux socialistes repliés sur "leurs" territoires locaux qui leur assurent une logistique confortable et une notabilité consensuelle.
Mais l'ambition légitime d'un parti politique n'est-elle pas d'assumer le pouvoir national ?
Le PS semble se contenter de la cohabitation new look entre le pouvoir d'Etat à droite et le pouvoir local à gauche. Dans cet esprit, tout sera gelé jusqu'aux prochaines régionales.
Cette génération ressemble beaucoup à celle des rénovateurs du RPR au printemps 89.
Ils ne voulaient plus des dirigeants sortants mais ils ne voulaient pas davantage d'un nouveau en dehors des plans individuels de carrières de chacun d'eux.
Ce vide total de leadership mène à une impasse. Pour combien de temps encore ?