Ségolène Royal et "l'avenir désirable"
Avec Désir d'avenir, Ségolène Royal a rompu les codes habituels en 2006. Il lui reste à casser ou du moins à compléter ce code initial pour faire naître un nouveau code : l'avenir désirable.
La crise faire revivre le besoin d'avenir. Quand tout va bien, l'avenir "coule de source". Quand tout va mal, la quête d'avenir est le moteur indispensable.
La présidentielle 2012 commence à ouvrir les espaces des imaginaires liés aux principaux candidats.
Nicolas Sarkozy va occuper le créneau de la modernité efficace c'est à dire libérale et solidaire.
L'UMP va se positionner pour affirmer que son candidat est imbattable et ne doit surtout pas être battu car il est le seul à avoir la dimension présidentielle pour temps de crises.
François Bayrou doit se remettre dans la compétition ; ce qui passe par une réconciliation avec le succès. Il doit absolument montrer, avant la présidentielle, sa capacité à gagner. Sans cette démonstration, son espace deviendra très étroit car l'opinion se détache des perdants.
Dominique de Villepin doit probablement occuper "la nouvelle ambition Française". Il lui faut doubler le Président sortant en matière d'innovation, de coeur, de proximité et surtout montrer que son ambition concerne au moins autant le quotidien des Français que celui de la France comme entité collective mais abstraite et lointaine.
Quant à Ségolène Royal, son espace est en effet celui des valeurs féminines : l'avenir doux, protecteur, partagé, reconstructeur des solidarités.
En 2007, sa candidature était le "désir d'avenir" que chacun pouvait imaginer et vivre par la candidature de la première femme à la Présidence de la République Française.
Une nouvelle étape doit s'ouvrir maintenant. Ce n'est plus la cause des femmes comme exemple de l'avenir pour tous. Ce doit être la cause d'un nouvel avenir mieux partagé, plus honnête. C'est cet avenir doux et juste qui semble être son espace dans cette compétition.
Il lui reste à en définir le contenu précis. Mais cette dimension affective et chaleureuse du lien collectif demeure une valeur ajoutée bien préemptée à ce jour par elle sans réelle concurrence sérieuse encore. Il n'y a pas d'autres candidats à ce jour venant sur son pouvoir d'évocation prioritaire qui doit rester celui du "désir" c'est à dire d'une dimension affective particulière.
Si ces deux derniers candidats (Royal et Villepin) ont les moyens concrets pour vivre une campagne présidentielle performante, ces trois offres dominantes (Sarkozy, Royal et Villepin) marqueront un réel rendez-vous entre trois logiques très différentes.
2012 pourrait être la première campagne plus émotionnelle que partisane car ce serait trois offres de tempéraments face à l'avenir davantage que trois offres partisanes.