Royal, Villepin et Bayrou à la recherche de la vague
L'été 2009 a une spécificité majeure : il est le temps de la bascule vers la seconde moitié du mandat présidentiel. Dès que cette bascule est opérée, le temps s'accélère. Cette étape intervient dans un contexte atypique.
Le contexte du passage de mi-mandat intervient sous l'influence de trois données majeures.
La première est l'installation progressive du traditionnel "candidat favori" voire imbattable. Chaque présidentielle connaît ce positionnement, déjoué ensuite par l'opinion.
De Gaulle en 1965 ne devait pas connaître le ballotage. En 1974, Chaban devait succéder à Pompidou. A l'automne 1980, Giscard était donné largement réélu au moment où le combat Mitterrand-Rocard neutralisait le PS ou le menaçait d'éclatement déjà à l'époque. En 1988, l'heure de Raymond Barre était venue. En 1995, Edouard Balladur avançait vers l'élection promise depuis 1993. En 2002, Lionel Jospin pouvait se consacrer exclusivement au rassemblement du second tour tant le premier ne serait qu'une formalité administrative...
Dans toutes ces hypothèses, l'opinion en a décidé autrement dans un calendrier serré de la dernière ligne droite. Aujourd'hui, c'est Nicolas Sarkozy qui occupe le créneau de "l'infaillible". Echappera-t-il à ce sort de la Vème République ?
La seconde donnée est celle de l'outil à disposition des candidats. Pour la première fois à ce point, l'écart semble être creusé entre le pouvoir sortant non partagé et les challengers. Ces derniers pourront-ils accéder aux moyens minima d'une campagne présidentielle et si oui à partir de quand ?
Sur ce point, c'est une donnée nouvelle pour la vie politique Française qui entre dans la catégorie des élections anglo-saxonnes. Le Parti Conservateur britannique ou le Parti Républicain Américain étaient supposés écraser les élections par la disparité financière et par l'inégalité logistique. Blair au début des années 90 ou Obama en 2008 ont dû d'abord remettre à niveau cet écart logistique.
Enfin, la troisième donnée c'est le choix de la "vague". Les candidats qui ont franchi l'étape de la notoriété nécessaire n'ont pas encore été créateurs de mode et de valeurs reconnus par l'opinion. Les Français sont à la recherche de "vibrations", se sensations. Ils veulent vivre. Bien davantage, ils veulent "croquer la vie". Cette aspiration devrait amplifier avec la sortie de crise. Ils veulent des représentants à leur image. Comment les principaux challengers vont-ils réveiller la part de vibrations qu'ils ont en eux ? Là aussi, Nicolas Sarkozy a une longueur d'avance y compris avec son dernier incident de santé donnant le sentiment qu'il veut "trop croquer de parts de vie en même temps". Ce faisant, il est "mode". Or les trois principaux challengers sont des conceptuels plutôt introvertis. Accepteront-ils ou pourront-ils lâcher leurs émotions, les surprises, le spectaculaire ?
Cette dernière donnée est nouvelle. Elle pourrait être déterminante. Car l'émotion forte emporte toujours même sur la meilleure mécanique logistique. Ce sera une élection de comportements et non pas de compréhension ; d'émotion et pas seulement d'organisation.
Villepin, Royal et Bayrou vont-ils échapper au rationnel de leurs positionnements pour faire vivre de nouvelles sensations ? Là est le probable ressort des démarrages de campagnes. Plus que jamais la formule de recherche de "la vague" semble adaptée car il est bien question de devoir accepter le culte de l'émotion pour pouvoir rencontrer l'opinion.