Dominique de Villepin et le concept de majorité présidentielle
La presse fait publiquement état du refus de l'ancien Premier Ministre de constitution d'un groupe parlementaire courant 2010. Comment interpréter cette décision ?
Classiquement, le concept de "majorité présidentielle" repose sur trois socles.
Tout d'abord, la force d'un parti politique qui soutient le projet commun à toutes les familles de la majorité présidentielle.
Second volet, autour de cette formation centrale, doivent s'agencer des formations complémentaires qui ont vocation à démontrer que la majorité présidentielle constitue une force attractive.
Enfin, dernier volet, cette majorité doit préserver son identité qui repose sur la certitude que la règle démocratique passe par une frontière nette, visible entre la majorité et l'opposition.
Cette majorité présidentielle repose sur une réelle prééminence présidentielle au point qu'à l'approche des élections, le Président redevient "chef de parti".
Créer un groupe parlementaire aurait imposé des arbitrages rapides de frontières pour les députés villepinistes qui ne pouvaient être à la fois dedans et dehors cette majorité présidentielle.
Ils ne pouvaient pas davantage être dedans en 2010 puis dehors en 2011 sauf à trouver un sujet majeur clivant mais cette hypothèse est peu probable puisqu'à compter de 2011 au moins le Président sortant va mobiliser tous ses efforts pour se comporter en leader de synthèse.
En réalité, cette décision paraît également, voire surtout, inspirée par la logique nouvelle de la présidentielle.
La clef du "bon résultat" réside désormais dans la mobilisation des électeurs flottants.
Or, il y a un accroissement de la mobilité électorale. Par conséquent, la personnalisation sans ancrage parlementaire peut ouvrir un spectre particulièrement large.
Lors du premier tour, les écarts naissent de trois facteurs :
- le socle,
+ le pourcentage d'indécis qui s'agrègent,
+ l'impact des reclassements.
Cette mobilité est un terrible défi pour tous les candidats car elle traduit un nouveau schéma de représentation de la société.
Avec le sondage à 8 % de seuil, Dominique de Villepin dispose d'un socle direct personnel suffisant pour ouvrir les autres étapes.
L'enjeu, c'est désormais les indécis qu'il faut convaincre. Il lui faut passer de bon "second choix" à un pourcentage plus élevé de premier choix. Il sera temps ensuite de travailler aux ralliements emblématiques qui assurent des reclassements quantitatifs décisifs pour la qualification.
Cette procédure illustre la personnalisation du scrutin avec un groupe parlementaire qui structure a posteriori davantage qu'il prépare la bonne compétitivité.
Ce qui vaut pour Dominique de Villepin importe de même pour d'autres présidentiables.