Dominique de Villepin et les multi-vies
Dominique de Villepin approche d'un rendez-vous décisif : 2010 comme tremplin pour la présidentielle. 2009 fut la rampe de lancement. 2010 devrait être l'année de l'installation dans ce nouveau registre.
Depuis le premier trimestre 2008, nous avons assisté à 4 évolutions dans les rapports entre Nicolas Sarkozy et l'opinion publique :
1) De la confiance à la suspicion : les éléments affectifs de confiance se sont peu à peu transformés en éléments "scientifiques" de crainte. Au début face à Nicolas Sarkozy, l'opinion se disait "il va me séduire". Maintenant, elle dit "il va me manoeuvrer, me tromper".
2) De la joie à l'amertume : l'engouement du départ se transforme en ambitions inachevées : pouvoir d'achat, ordre, réforme ââ¬Â¦ Depuis qu'il a grimpé dans la hiérarchie pour atteindre le sommet national, moins ses capacités semblent évidentes à remplir ses engagements.
3) De l'union à la jalousie : toutes les relations semblent s'être altérées. L'homme qui montait pour porter le nouvel espoir est devenu l'homme qui "encombre".
4) De la cohérence à l'éclatement : l'absence de message fort principal met Nicolas Sarkozy en position défensive.
Il y a donc un espace pour une réelle concurrence.
La concurrence actuelle est-elle dangereuse ?
L'opinion n'aime plus le pouvoir présidentiel comme le montrent tous les sondages mais il n'y a encore aucune identité alternative qui s'impose véritablement.
Dans ce contexte, Dominique de Villepin peut-il émerger pour s'imposer ?
Les Français veulent vivre. Cette vie passe par la définition de nouveaux rapports entre les individus et le "système".
La crise montre que le système rend les individus trop vulnérables avec un cortège de bouleversements, de précarité, de chocs, d'inégalités criantes.
Face à ce constat, l'opinion n'a plus de repère. Les intellectuels sont absents. Les politiques traditionnels ne sont plus des guides mais des "chefs de rayons" qui tentent de colmater les brèches à très court terme. Dominique de Villepin incarne un autre tempérament.
Il va surtout devoir compter avec l'impact du vote utile. A compter de mai 2010, les sondages sur la présidentielle vont pleuvoir. Le profil des vainqueurs du second tour va structurer le paysage politique. Dominique de Villepin est à ce jour l'un des favoris pour ce vote utile du second tour.
Ces sondages vont structurer l'opinion sur des bases nouvelles. Pour l'ancien Premier Ministre, 2010 devrait être l'année des multi-vies. Son rendez-vous présidentiel personnel est lancé.