Dominique de Villepin et l'étape du recours
Il était annoncé. Il est publié. Le sondage IFOP Paris Match place Dominique de Villepin en Président préféré pour 57 % des Français contre 38 % à Nicolas Sarkozy. Un écart qui est d'une amplitude considérable.
Le paysage présidentiel évolue vite. Avec cette accélération se dessine un nouveau chic : le new look contestataire qui peut endiguer une déferlante anti-sarkozy.
La majorité présidentielle incarne l'establishment. Cet establishment est aujourd'hui un modèle contesté voire dépassé d'où les marche arrière de plus en plus fréquentes.
Cet establishment est démodé. Son programme est moins lisible. La crise a installé une logique régulatrice que 2007 voulait rejeter. L'interventionnisme apparaît fort et pour autant sans ligne directrice claire.
La droite sarkoziste semble épuisée. La crise est l'une des explications pour dater ce retournement. L'énergie réformatrice était supportable tant que la prospérité en absorbait les inconvénients. Mais dans un jeu à somme négative, chaque intervention réelle ou supposée donne prise à une interprétation matérialiste qui irrite.
Dans le même temps, il n'y a pas de réponse concrète aux préoccupations morales qui hantent la société Française (écologie, égalité, mérite, identité ââ¬Â¦).
Il y a même une résurgence de la notion de classe avec des membres qui partagent les mêmes valeurs, les mêmes buts, qui vivent de la même manière.
Une classe qui appelle la naissance d'une contre-culture.
Cette contre-culture se construit progressivement autour de "nouvelles règles" dont la méfiance vis-à-vis des "hyper-pouvoirs", le respect de valeurs de classe moyenne (discrétion, labeur, économie ââ¬Â¦).
Tout l'enjeu de Dominique de Villepin consistait à identifier s'il avait la volonté et la capacité à porter cette contre-culture qui pourrait aller jusqu'à une forme de populisme selon ses relais.
Il y parvient.
Dominique de Villepin sera-t-il capable de passer de la dissidence individuelle à la création d'un courant central ?
Ce courant central peut-il remettre en question les fondamentaux de la division droite / gauche ?
La présidentielle 2012 est entrée en phase de nouvelle donne.
Les résultats des régionales et les rendez-vous sociaux du printemps 2010 vont introduire de nouvelles lignes. L'étape du recours en faveur de Dominique de Villepin n'est peut-être plus très éloignée.