Dominique de Villepin et le besoin d'idéal
Dominique de Villepin est actuellement au centre de tous les pronostics. Ira ou n'ira-t-il pas à la prochaine présidentielle ? Si candidature, peut-il aller au second tour ou s'enfoncera-t-il au premier tour sous le seuil des 10 % ?
L'élection présidentielle est un morceau d'Histoire avec des citoyens qui veulent choisir leur héros crédible à un moment donné.
Dans les actuelles analyses, il est un facteur qui nous paraît souvent négligé : le besoin d'idéalisme. Si ce besoin d'idéalisme trouve son creuset par un retour de balancier face au populisme ambiant, bon nombre des actuels "handicaps" de Dominique de Villepin vont devenir des atouts de premier poids du jour au lendemain comme par enchantement.
Nous assistons en effet actuellement à une poussée manifeste de populisme.
Un populisme de mauvais goût exacerbant les peurs, les exclusions, les violences y compris verbales ; ce populisme s'installe bien au-delà des seuls extrêmes. Il a pénétré les partis classiques dits de gouvernement.
Les élus ne sont plus des architectes du rêve. Ils deviennent des maçons des décombres. Pour preuve les actuelles régionales qui se déroulent dans des conditions indignes d'une démocratie moderne.
Dans de telles circonstances, le populisme est une forme de duperie résidant dans l'expression que le pouvoir serait dans la rue.
Pour apporter des solutions, il suffirait donc d'écouter le "bon sens de la rue". Ce "bon sens" que les élites trahiraient en permanence car trop coupées des réalités.
Ce climat traduit la propagation de la crise à la démocratie. La pensée déraille à son tour après les finances et l'économie.
Elle défaille au point de refuser les véritables débats. Elle contemple les incohérences et les assume au lieu de chercher à les solutionner.
C'est l'absurde qui succède au désarroi. Les contradictions ne sont plus présentées comme devant céder devant un idéal qui serait la seule réponse solide. Tout se brise dont la place de la raison.
Si l'opinion perçoit que cette ambiance est "suicidaire" car elle n'apporte aucune solution, elle va corriger le tir en cherchant à retrouver de l'idéal.
C'est l'espace de Dominique de Villepin. D'un seul coup la donne change.
Le littéraire qui ne pense pas que politique séduit justement parce qu'il n'est pas attiré que par le pouvoir.
Le panache avec ses formes d'excès appelle parce qu'il ramène de la passion qui dépasse le seul quotidien.
C'est une autre Présidence volontairement plus altière dans ses choix. Ce n'est pas en venant sur le terrain des concurrents que Dominique de Villepin peut gagner mais en assumant sa singularité.
C'est ce volet qui sera le plus intéressant à observer. Obama avait sa peau pour différence. Villepin a son tempérament pour différence.
Au concours des pronostics, dans de telles conditions, bien malin qui peut dire quel peut être le résultat.
La seule donnée qui paraît probable c'est que reposant sur des facteurs aussi clivants, une telle campagne relève du coup de poker et que le résultat ne peut être que brillant ou médiocre mais pas moyen.