Ségolène Royal et la nouveau guidage social
Le discours de Ségolène Royal à la fête de la fraternité le 18 septembre s'annonce déterminant pour fixer les conditions de rebond de la leader socialiste. La gauche tombe-t-elle actuellement dans un piège ?
La gauche tombe-t-elle actuellement dans un piège ? Lé défi sécuritaire n'est-il pas tout bénéfice pour la majorité présidentielle et tout risque pour la gauche ?
Pour la majorité présidentielle, cette approche remobilise son socle électoral et tout particulièrement les seniors qui ont plus peur que mal. Là est d'ailleurs toute la force du bilan de Nicolas Sarkozy en la matière.
Il n'y a pas échec puisque son électorat est plus angoissé que directement pénalisé. Mais surtout, il n'y a pas de leader de "rechange" à droite sur ce domaine dans le cadre des partis républicains.
Il est de mode actuellement de commenter les difficultés de Nicolas Sarkozy mais les chiffres ne montrent pas un décrochage par rapport aux planchers déjà rencontrés.
Ce constat montre la solidité de ce noyau dur qui résiste alors même que la tempête gronde tous azimuts.
Pourquoi résiste-t-il ? Parce que dans la tempête, il y a au moins un dossier où l'offre de Nicolas Sarkozy répond à la demande : la sécurité.
Pour la gauche, le défi de la sécurité est un risque considérable.
Soit elle vient sur les terres de la droite et elle abandonne une partie de ses "idéaux fondateurs".
Soit elle reste sur ses terres traditionnelles et elle se coupe d'une probable forte majorité de l'opinion qui s'est droitisée considérablement sur ce volet.
Culturellement la mixité sociale passe de mode.
Nous assistons à un retour en forme de la tribu où il fait bon vivre avec ses semblables. Il suffit de constater le retour en forme de valeurs hier en berne : le nouveau culte du maillot dans le sport, le respect de l'hymne national, le lancement des "apéritifs républicains" ... Il n'y a pas de hasard. Ce sont autant de signes d'évolutions plus profondes.
Dans ce contexte, la gauche est confrontée à la chute de ses valeurs idoles.
La gauche ne pourra pas se réfugier dans la dépense publique pour faire naître de nouveaux espoirs car elle doit gagner en crédibilité dans la lutte contre la dette publique.
Elle ne pourra pas davantage se réfugier dans un "modèle républicain" qui est discrédité car la mixité culturelle est menacée.
En ouvrant cette logique de "l'enfer des autres", la majorité présidentielle a mis en marche une machine dangereuse mais il n'est pas sûr qu'elle ne soit pas d'abord d'une redoutable efficacité électorale car la quête identitaire cache d'abord une volonté de différenciation qui s'exprime désormais dans des termes neufs à l'opposé des valeurs fondamentales de gauche.
Comment la gauche peut-elle vivre cette chute de ses valeurs - idoles, sans être fragilisée ?
Cette "normalisation" sur deux dossiers chauds (la sécurité et la dépense publique) est un défi redoutable pour la gauche.
Sur ces deux thèmes, le discours de Ségolène Royal est particulièrement important à un moment où le nom de baptême de sa manifestation habituelle de rentrée apparaît déjà comme un défi ...