Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy mettront-ils fin à l'atomisation de l'électorat ?
Le sondage IFOP publié dans le JDD de ce jour traduit un rassemblement de l'électorat autour de pôles classiques mettant fin à l'atomisation constatée depuis 1990. Est-ce la réalité électorale ?
Certaines enquêtes donnant la leader socialiste et le leader UMP autour de 30 % chacun au premier tour méritent une attention détaillée.
Depuis 1990, l'électorat s'est atomisé. Cette évolution traduisait à la fois l'éclatement de la société mais aussi la diversification des votes protestataires.
Le séisme du 21 avril 2002 a-t-il mis fin à cette donne ? Rien n'est moins sûr.
Certes, un réflexe de vote utile pour être qualifié pour le second tour va jouer au profit de chaque candidat de l'UMP et du PS. Il joue déjà en limitant les "candidatures parasites". Mais de là à conduire à l'érosion de toutes les formations, il y a un pas considérable.
A ce jour, rien ne permet de procéder à une telle déduction, bien au contraire. Le 21 avril 2002 a ouvert la banalisation du Front national. Aujourd'hui s'est engagée une étape d'acceptabilité qui le conduit à des zones de 20 % et non plus de 10 %.
Quelques chiffres permettent d'apprécier le potentiel de JM Le Pen :
* en 1997, le niveau d'adhésion des Français aux 4 dossiers clefs du FN (immigration, sécurité, défense des valeurs traditionnelles et critique de la classe politique) oscillait entre 12 et 31 %. A fin décembre 2005, le score le plus faible d'adhésion était de 22 % (et non plus 12 %). Le score le plus élevé était passé à 33 %,
* si on devait dissocier les thèmes de la question sur l'approbation du Front national, la progression serait encore plus considérable pour atteindre parfois 73 % de l'opinion par exemple sur le thème de la défense des valeurs traditionnelles.
La présidentielle de 2007 s'ouvre donc sur un paysage nouveau.
Le chemin le plus probable à ce jour est l'existence de trois pôles principaux :
* la France social-démocrate autour de la candidature de S. Royal,
* la France libérale et réformatrice autour de Nicolas Sarkozy,
* la France protestataire autour de JM Le Pen.
L'écart au premier tour risque d'être très étroit entre chacun de ces trois collèges électoraux regoupant des profils sociologiques de plus en plus différents et imperméables.