Ségolène Royal et le légitimisme excessif
La comparaison des temps de campagnes électorales en France et aux Etats-Unis en dit long sur la différence des méthodes. Les présidentiables français, même les plus supposés rebelles, sont finalement très légitimistes à l'exemple de Ségolène Royal actuellement.
Depuis le 2 novembre 2010, les Républicains ont adopté une tactique simple :
1) Elus par le suffrage le plus récent, ils considèrent avoir la légitimité populaire,
2) ils veulent en "donner pour le vote" à leurs électeurs donc ils ouvrent tous les chantiers des réformes pour contraindre Obama à être l'obstructeur,
3) ils nient l'existence politique d'Obama en considérant son actuel mandat comme le 3ème mandat de ... Bill Clinton, présenté comme véritable inspirateur et formateur de tous les responsables aux postes clefs actuels.
Obama n'existe plus aux yeux des Républicains. Les présidentiables parcourent le pays et annoncent les mesures nécessaires faisant regretter que l'échéance de novembre 2012 soit aussi ... lointaine.
Combien de temps cette technique durera ? Elle avait été celle d'Obama en 2007, certes favorisée à l'époque par l'impossible 3ème mandat de Bush. Mais elle avait été efficace.
En France, à moins de 450 jours de la présidentielle, le rythme est très différent.
C'est la course des candidats et pas des présidentiables véritables.
Ils n'infligent pas au pouvoir en place le pire des supplices : celui de l'indifférence.
Le temps présidentiel rythme le calendrier de chacun. C'est probablement là la force majeure actuelle de DSK : apparaître comme le seul "autre pouvoir".
Comment expliquer cette différence ?
Les formations françaises plus administratives ont-elles formaté un légitimisme permanent absolu ?
La place traditionnelle de l'Etat explique-t-elle cette différence ?
C'est étonnant de voir combien des personnes qui veulent "changer les choses" restent finalement aussi prisonnières de ce qui existe encore.
N'est-ce pas plus fondamentalement l'absence de l'esprit de Président ? De Gaulle représentait au début la nation française sans avoir été élu par elle, sans moyen financier propre et même sans attache territoriale sur le sol et en plus en temps de guerre. Tous ces "décrochages" en disent long sur la mentalité du personnage...
Mitterrand portait sa présidentialité dans sa réflexion comme dans son attitude.
Pour le moment, cette ère n'est manifestement pas ouverte alors qu'elle l'avait été en 2006 par Ségolène Royal comme à droite par Nicolas Sarkozy.
Il y a une forme de panne de présidentiables non pas déclarés mais perçus ; ce qui explique probablement l'actuelle place des extrêmes.
Pour suivre la présidentielle US 2012 : blogexprimeo