Martine Aubry et le coup de poing du premier débat
Le premier débat télévisé dans le cadre de la primaire du PS a enregistré un succès d'audience important. Une nouvelle situation est peut-être en train de naître si l'opinion sort de l'indifférence dans son rapport à la primaire du PS ?
1) Le mécanisme même de la primaire est la reconnaissance de l'électorat de base. La primaire amoindrit le rôle des intermédiaires. Elle fragilise considérablement le rôle structurant des partis politiques si ce n'est pour les confiner à la tenue de l'intendance. C'est une évolution culturelle considérable dans la vie politique française.
2) Par le nombre des candidats, elle impose une nouvelle présentation du raisonnement : la pensée en 30 secondes.
3) La place du visuel est considérable, plus forte que jamais quand les candidats sont tous susceptibles d'être comparés en un clin d'oeil. C'est ce critère là qui avait assuré la percée de Kennedy face à Humphrey en 1960, de Reagan face à Bush en 1980, de Gary Hart en 1984 ...
4) Le débat public contradictoire repose sur une impression confuse de recherche du leadership. Qui exprime le leadership ? C'est souvent le choc entre le leadership reconnu et le leadership méconnu. Le premier porte le leader supposé tandis que le second est l'arme du neuf qui crève l'écran et qui peut provoquer la surprise. Hier, faute de présidentiable établi avec la disparition de DSK, Hollande arrivait auréolé des sondages. Il n'a pas assuré tandis que Martine Aubry, supposée affaiblie, s'est révélée avec un mélange d'autorité "enrobée", d'anti bling bling y compris dans sa tenue, de fermeté sans agressivité. Elle a marqué des points manifestement.
Si l'intérêt de l'opinion se confirme lors du prochain débat, nous sommes peut-être en train de vivre une évolution qui modifiera bien au-delà de la désignation pour une seule présidentielle. La démocratie d'opinion s'installe progressivement et la primaire peut être appelée à concerner bon nombre d'autres élections.
C'est le premier coup de poing de ce débat.