Michel Sapin et le discours de trop
Le "grand écart" idéologique du PS résistera-t-il aux dernières semaines de la présidentielle 2012 ?
Difficile à dire. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a des bombes à désamorcer de façon urgente. Un exemple parmi beaucoup d'autres : les aides publiques locales différenciées.
Courant l'été 2011, Henri Emmanuelli est parvenu à obtenir une décision du Conseil Constitutionnel bien étonnante sur le thème de la libre administration locale. Au titre de ce principe, une collectivité locale pourrait aider un dossier en fonction du profil juridique des intervenants.
Un département pourrait subventionner des services gérés en régie donc sous statut public. Dans le même temps, il pourrait refuser la moindre aide publique à la même opération si elle intervient dans le cadre par exemple d'une DSP donc relevant du privé.
C'est un dossier très important qui concerne des investissements publics lourds (assainissement, eau ...) mais aussi des opérations de construction d'établissements médicalisés pour personnes âgées dépendantes par exemple.
Or la situation landaise, qui avait conduit à la décision du Conseil Constitutionnel, semble faire "tâche d'huile" à l'exemple d'une récente décision prise dans l'Ain.
Comment le PS, à l'exemple du discours de Michel Sapin, peut-il exprimer "toute sa considération" à l'égard du secteur privé et accepter que des responsables socialistes de premier plan le pénalise ainsi sur des terrains locaux ?
Il y a manifestement un discours de trop. Le choix s'imposera. Mais il n'est pas possible de soutenir le secteur privé et de le pénaliser de la sorte.
Le PS devra sortir de l'ambiguité. Cette sortie est son défi principal pour les prochains mois bien au-delà des affaires ou des rivalités personnelles. Le PS français n'a pas arbitré son socle conceptuel pour 2012 acceptant des cohabitations internes impossibles dans le temps.