François Hollande et le défi du réalisme du programme de gauche
Michel Rocard puis Bernard Kouchner ont souvent mis en cause la crédibilité du programme électoral du PS.
Pour 2012, la question du réalisme des programmes semble presque être hors sujet pour l'instant.
Trois évolutions majeures ont en effet marqué l’opinion publique ces dernières années.
Tout d’abord, l’émergence d’un besoin de pragmatisme. Il aura fallu deux décennies pour que les Français acceptent de voir la France telle qu’elle est, en crise, avec ses faiblesses et ses atouts, ses difficultés et ses richesses.
Dans un premier temps, ce pragmatisme s’est traduit en négatif par le refus des idéologies de toute nature et de tout bord. Les partis politiques et, d’une manière générale les institutions, ont fait les frais de cette désaffectation.
Deuxième évolution, la disparition des « nouveaux gourous ». L’opinion publique n’a plus de directeurs de consciences, véritables maîtres à penser susceptibles d’incarner les valeurs fortes de la société à un moment donné. Chacun se fait son idée et assume cette « solitude de choix » devenue une forme de reconnaissance de maturité et de liberté.
Troisième évolution de fond, l’émergence d’une « France modérée ». Une France qui n’escompte pas de miracle mais qui souhaite une gestion efficace, qui se défie du socialisme mais n’entend pas renoncer à sa protection sociale, qui espère toujours mais ne rêve plus.
Avec ces trois évolutions, c'est une sorte de campagne sans passion qui s'ouvre. François Hollande capitalise son camp de base auquel s'ajoute un anti-sarkozysme toujours très impactant. Est-ce bien là l'enjeu d'une présidentielle ?