L'UMP mène-t-elle une campagne trop douce ?
Il a été "reproché" à l'UMP de mener une campagne à la "Karl Rove" c'est à dire offrant une place importante aux campagnes dites négatives.
Est-ce réellement le cas ?
Non. Pour le moment la campagne a été très en-dessous des méthodes de l'ex Conseiller de GW Bush. Mais surtout, elle est restée à des domaines qui ne peuvent marquer l'opinion parce que, par exemple, la crédibilité d'un programme politique n'est plus un axe d'attaque tant par définition cette crédibilité est déjà contestée dans l'esprit même de l'opinion.
Une véritable campagne "à la Karl Rove" signifierait que l'UMP attaque François Hollande sur des points forts car là est la véritable innovation des méthodes de Karl Rove : déstabiliser sur les points forts du concurrent.
Sa méthode, c’est de s’attaquer d’abord aux qualités majeures de ses concurrents sans respecter aucune précaution sur la vérité desdites attaques. Dés l’instant qu’un concurrent est doté d’un point fort, celui-ci fait l’objet d’un matraquage systématique pour au moins jeter le doute sur cette qualité « objective ».
Ainsi, l’été 2004, bien que titulaire des décorations militaires les plus prestigieuses attribuées après des enquêtes minutieuses, John Kerry fait l’objet d’une campagne mettant en cause la réalité de son engagement pendant la guerre du Viet-Nam. Rove aurait monté de toutes pièces à l’aide de militants républicains rémunérés des déclarations fabriquées visant à attaquer Kerry sur sa qualité principale : son engagement pendant la guerre du Viet-Nam.
Il s’en est suivi un matraquage de communication notamment par des campagnes web qui ont conduit à jeter le doute pendant un moment et conduire Kerry à mobiliser toute son énergie pour se justifier sur un point inconcevable en début de campagne. Il ne tournera la page que lorsque la chute de Kerry dans les sondages avait été amorcée. Kerry a perdu jusqu'à 17 points en quelques semaines ...
Contrairement à certaines appréciations, la présidentielle 2012 reste bien à ce jour une campagne douce sans aucun parallèle avec l'agressivité des campagnes négatives américaines.
Une fois de plus, l'UMP n'a-t-elle pas cumulé tous les inconvénients dans les actions choisies : se prêter à un reproche de campagne négative mais sans qu'elle ne le soit vraiment ?