Laurent Fabius en position difficile
Depuis 5 jours déjà, les médias tentent d'organiser le suspens sur "l'hyperchoix dans la surabondance".
Le scénario est simple : le PS regorge de talents et Hollande regorge d'amis. Les talents sont présentés par les cursus où les passages par les ... banques font souvent références de qualité bien éloignées des envolées de la campagne électorale. Les amis sont exposés par les photos jaunies qui ont fait les pages des hebdomadaires de cette semaine (Paris Match, Express ...).
C'est une situation caricaturale d'une scénarisation à laquelle les médias français se prêtent trop volontiers. Une fois de plus, il faut aller sur des supports étrangers pour retrouver des règles qui devraient inspirer les commentaires.
Des règles simples dont les suivantes qui consistent dans le respect des principes clairs qui ont été énoncés par le candidat lui-même au cours de sa campagne :
- la "République exemplaire et irréprochable" : cette règle exclut toute personne ayant subi une condamnation pénale ou susceptible d'être emportée à terme prévisible dans une tempête procédurale. Il en est de même d'élus qui pourraient être exposés à des polémiques clivantes sur certains usages à l'exemple d'utilisations de logements sociaux,
- la "République tolérante qui ne stigmatise pas" : cette règle exclut des personnalités qui ont été d'une agressivité particulière et d'un sectarisme notoire à des étapes récentes de leurs parcours publics,
- la "République cohérente dans la durée" : là enfin, il s'agit de ne pas solliciter des personnalités à des fonctions manifestement contraires aux conséquences de leurs engagements publics fermes récents. Par exemple, la presse étrangère "s'amuse" que le nom de Laurent Fabius puisse circuler pour les Affaires Etrangères alors même qu'il avait appelé à voter non au referendum de 2005 sur l'Europe. Comment demander à quelqu'un d'appliquer le cadre juridique qu'il ne voulait pas ?
Ce qui est le plus marquant dans l'actuelle période, c'est que chaque jour qui passe, ces repères perdent leur force. C'est la course à la nomination qui emporte les règles : être nommé, un point c'est tout.
Ce constat est l'une des traductions d'un processus totalement dépassé dans le choix des Français. Ils acceptent de confier un "chèque en blanc" à un individu alors même que la présentation de la totalité de l'équipe gouvernementale compte beaucoup.
Faute de telles règles, c'est la place pour le voyeurisme et l'écoutisme.
Le voyeurisme, c'est qui a été vu avec qui. Qui a accompagné qui. Chacun revient à la grille de lecture de la "Cour du Roi".
L'écoutisme, c'est qui a entendu tel ou tel bruit.
Quand les images et les rumeurs font les critères pour apprécier les coteries des nominations, c'est un inquiétant substitut qui laisse présager un passage rapide de la fiction des critères à la friction des réalités.