François Hollande sans "état de grâce"

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  • Harris Interactive

A la demande de la chaîne M6, Harris Interactive a interrogé un échantillon représentatif de Français sur la confiance qu'ils prêtent au nouvel exécutif en place.

Cette enquête, réalisée après l'annonce de la composition du gouvernement, visait à répondre à plusieurs questions : quelle est la confiance accordée au Président de la République François Hollande ? Quelle est celle concernant le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault et les ministres occupant les « principaux » postes ? Quel regard portent les Français sur la composition globale du gouvernement, les messages induits par les nominations ont-ils été perçus ?

Que retenir de cette enquête ?

Une mesure de la confiance ne reflétant pas un état de grâce particulier à l'égard de François Hollande

La première mesure de la confiance exprimée à l'égard de François Hollande en tant que Président de la République reflète une opinion plutôt positive sans se situer à des niveaux élevés pouvant être assimilés à un « état de grâce ». En effet, 54% des Français indiquent lui faire confiance pour mener une bonne politique pour la France, 46% ne la lui accordant pas. Dans le détail, remarquons que 18% accordent une très grande confiance et 16% affirment ne pas faire du tout confiance au nouveau Président.

Fruit, peut-être, d'une fin de campagne fortement articulée autour d'un axe Gauche/Droite, la mesure de la confiance se structure essentiellement au regard de la proximité politique et du vote. Ainsi, tant les électeurs de Gauche que les sympathisants des formations politiques se situant sur cette frange de l'axe indiquent - à près de 90% - accorder leur confiance au Président, alors que ceux se situant à Droite (13%) tout comme ceux ayant voté pour Nicolas Sarkozy au premier tour (4%) ne la lui accordent pas.

Relevons que 29% des électeurs de Marine Le Pen et 59% de ceux de François Bayrou affirment faire confiance à François Hollande. Dans le détail, les zones de force de François Hollande traversent toutes les générations (mis à part les personnes âgées de 65 ans et plus, dont seulement 44% indiquent accorder crédit au Président de la République), et est un peu plus nette chez les personnes de catégories supérieures que populaires (58% contre 53%). Les propriétaires (52%) et les personnes disposant des plus hauts revenus - soit supérieurs à 5 000€ par mois - (44%) se positionnent un peu en retrait du reste de la population.

Invités à s'exprimer spontanément, les Français exprimant leur confiance mettent en avant « l'honnêteté », le « changement » et le « sérieux » du Président socialiste. Ils mettent également en regard une attitude le différenciant d'une posture de Nicolas Sarkozy qu'ils critiquaient. A l'inverse, l'absence de confiance se structure autour du déficit « d'expérience », des « promesses » émises dans le cadre de la campagne et du « programme » ne leur convenant pas.

Dans le couple exécutif, une plus grande confiance accordée au Premier ministre Jean-Marc Ayrault qu'au Président de la République François Hollande

Alors même que l'élection présidentielle se structure autour de personnes, le Premier ministre, non élu directement, bénéficie de la confiance de 60% des Français. Jean-Marc Ayrault bénéficie d'une confiance moins articulée autour des clivages politiques. Ainsi 19% des électeurs de Nicolas Sarkozy indiquent faire confiance au Premier ministre tout comme 29% des sympathisants de Droite. Ainsi, alors même qu'une majorité de personnes âgées de 65 ans et plus indiquait ne pas faire confiance au Président de la République, cette frange de population (à hauteur de 55%) indique l'accorder au nouveau Premier ministre.
Les ressorts de la confiance en Jean-Marc Ayrault reposent sur une ville (Nantes), considérée comme étant bien gérée et au sein de laquelle il a été élu et réélu au premier tour, la nature de la relation qu'il entretient avec le Président de la République, ainsi que le sérieux semblant l'habiter. On lui reproche, pour exprimer l'absence de confiance, essentiellement, comme au Président de la République, l'absence d'expérience.

Des ministres bénéficiant dans l'ensemble d'une bonne confiance de la part des Français...

A la suite de l'annonce de la composition du gouvernement, relevons qu'aucune personnalité ne s'inscrit dans un climat de défiance. La confiance exprimée n'est pas liée à l'expérience. Ainsi Manuel Valls bénéficie de la confiance de 59% des Français (Ministre bénéficiant de la plus forte confiance tant des sympathisants de Gauche que de Droite, respectivement 86% et 45%), Michel Sapin de 50% d'entre eux (respectivement 80%, 30%).

Viennent ensuite Pierre Moscovici (50% ), Vincent Peillon (47%), Laurent Fabius (46%), Najat Vallaud-Belkacem (45%), Arnaud Montebourg (44%), Aurélie Filippetti (41%), Marylise Lebranchu (40%), Cécile Duflot (39%), Stéphane Le Foll (38%), Chrisitane Taubira (38%), Jean-Yves Le Drian (37%) et Marisol Touraine (36%). Ces deux derniers ministres, notamment, sont peu identifiés.

Si l'on observe les résultats sur la base des Français exprimant un avis, on constate que certaines personnes ne sont pas tout à fait identifiées mais bénéficient, lorsqu'elles sont remarquées par les Français, d'une confiance importante. C'est le cas pour Jean-Yves Le Drian, Aurélie Filippetti, Stéphane Le Foll, Michel Sapin, Marisol Touraine, Najat Vallaud-Balkacem, Vincent Peillon, Pierre Moscovici et Marylise Lebranchu (une nette majorité leur accordant leur confiance). Celle-ci est moins nette pour Arnaud Montebourg, Christiane Taubira, Laurent Fabius et Cécile Duflot (cette dernière recueille la confiance de 81% des sympathisants d'Europe-Ecologie Les Verts).


... au sein d'un gouvernement reflétant bien le changement revendiqué par François Hollande


Présenter un gouvernement revient à exprimer un certain nombre de messages. A ce titre, ceux-ci semblent avoir été entendus par les Français. Qu'ils accordent ou non leur confiance à François Hollande et à Jean-Marc Ayrault, ils considèrent que ce gouvernement représente bien le changement revendiqué par François Hollande (75%). Les Français estiment en outre qu'il représente bien la diversité de la société française (68%), qu'il comprend les préoccupations des Français (60%). Ils ne tranchent pas clairement sur l'expérience des responsables et ne valident pas l'hypothèse selon laquelle il contiendrait trop de dirigeants du Parti Socialiste.


Cette première vague d'enquête permet ainsi de montrer que les Français accordent leur confiance à l'égard des principaux acteurs de l'exécutif. Dans un contexte électoral fortement clivé politiquement, celle-ci est plus nette lorsqu'il s'agit du Premier Ministre que du Président de la République. Le gouvernement et le Président, dans un contexte économique perçu comme dégradé, ne bénéficient ni d'un état de grâce, ni d'une défiance majoritaire. Ceci s'inscrit en droite ligne de l'élection. Seuls 36% des électeurs se déclaraient le jour du scrutin « enthousiastes » ou « confiants » si François Hollande devait être élu . Rappelons également que 44% des Français anticipaient, après l'élection de François Hollande, une dégradation de la situation de la France.

Méthodologie : enquête réalisée en ligne du 16 mai au soir après l'annonce de la composition du gouvernement au 18 mai 2012. Echantillon de 1050 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir de l'access panel Harris Interactive. Méthode des quotas et redressement appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l'interviewé(e).

  • Publié le 21 mai 2012

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