François Hollande et la crise profonde à venir
9 tendances profondes sont nées ces dernières années qui structurent l'opinion.
Depuis son installation, à la différence de sa communication électorale, François Hollande met en oeuvre une communication présidentielle qui l'amène à décrocher de certaines de ces tendances lourdes.
1) De la doctrine à l’affinité : l’opinion ne veut plus lire dans les programmes mais dans les tempéraments. Le tweet de sa compagne qui a créé la polémique est une erreur grave dans l'appréciation du tempérament présidentiel qui serait empreint de faiblesse.
2) De l’élite à l’épreuve : l’opinion entretient une sourde mais réelle revanche à livrer face à l’élite incapable de prévoir puis de sortir de la crise. Mais surtout, une élite qui lui donne le sentiment d’être à l’écart de la crise. La composition du Gouvernement Ayrault ne comporte pas de profils ayant été exposés à la crise. La présence très importante de politiques et de fonctionnaires amène un décrochage face à des cursus plus "humbles" ou populaires qui pourraient parler à l'opinion.
3) Du parti centralisé aux citoyens : là aussi, c'est étonnant de constater combien le Gouvernement Ayrault a été peu ouvert à la société civile. C'est une situation rare surtout en début de mandat présidentiel, traditionnel temps d'ouverture.
4) Du programme à la promesse : 2013 sera d’abord l’enjeu de la réponse à la crise : comment gérer la dette publique sans casser des acquis majeurs ? Sur cette question majeure qui fut l'un des axes de la campagne électorale, les Français partent en vacances sans réponse du nouveau pouvoir. Et faute de réponse, ils se préparent au pire (cf sondage Ifop de ce jour pour le JDD).
5) Des discours de bonne conscience à la valeur immédiate des exemples concrets : il ne s’agit pas tant de parler général que d’aller au particulier dans un cadre crédible. Le discours de politique générale n'a pas permis de sortir des mots généraux de "bonne conscience".
6) De la politique spectacle à la politique spartiate : pas d'exemple significatif de véritable réduction du train de vie de l'Etat.
7) De l’énergie à la protection : il ne s’agit pas tant de promettre de bouger que d’expliquer comment le mouvement n’emportera pas des droits considérés comme acquis. Là aussi, pas de message fort depuis l'installation présidentielle.
8) Du parcours linéaire aux multi-vies : l’équipe gouvernementale devait compter une participation allant bien au-delà des seuls permanents de la politique. Le retour de la société civile pouvait être un gage important de la qualité de l’équipe par sa capacité à connaître la «vraie vie de tous les jours». C'est probablement le rendez-vous raté du Gouvernement Ayrault perçu comme un équilibre entre les seules tendances de la "gauche de Gouvernement".
9) Du collectif contraignant à la débrouille individuelle : le bonheur groupé n’intéresse plus. Ce qui compte, c’est qu’un filet de sécurité existe mais pas au prix de faire disparaître les chemins de débrouille individuelle d’où la mode en 2007 du «travailler plus pour gagner plus» et la mode du dispositif allégé des heures supplémentaires. A l'opposé, les évolutions de François Hollande semblent rigides, uniformes. C'est peut-être le contre-sens culturel le plus fort à moyen terme.
Par les décrochages, François Hollande ne paraît pas armé à ce jour pour affronter une première crise grave avec l'opinion. Le choc pourrait être soudain, brutal et amener des confrontations frontales parce que culturellement le Gouvernement Ayrault n'a pas passé des messages de fluidité qui correspondent à la société actuelle.