Cécilia Durieu invitée leader de la Lettre du Cadre Territorial de juillet 2012
Cécilia Durieu, Directrice associée du cabinet Greenworking, a réalisé, en mai dernier, une étude sur le télétravail à la demande d'Éric Besson, ancien ministre chargé de l'Industrie, de l'Énergie et de l'Économie numérique. Ce travail est le résultat d'entretiens très approfondis (160 heures d'entretiens) auprès de télétravailleurs et managers de télétravailleurs de 20 grandes entreprises. Greenworking a été fondé il y a deux ans et demi. Ce cabinet de conseil est spécialisé dans le développement de nouvelles organisations de travail.
La Lettre du Cadre Territorial numéro 447 (15 juillet 2012) consacre un reportage aux travaux de Cécilia Durieu (photo ci-dessous au centre / colloque international d'Austin - Texas).
Il est ainsi possible d'y apprendre notamment :
"Où en est le télétravail en France ?
Cécilia Durieu : Il est en fort développement. La majorité des grands groupes (55 % des entreprises du CAC 40) a signé ou va signer un accord de télétravail. Notre étude fait apparaître que la proportion optimale de télétravailleurs dans une entreprise est de 25 %. Cette proportion est en fait fonction de la maturité des pratiques managériales actuelles, de l'évolution des moyens de communication, du schéma organisationnel des entreprises. Autre enseignement : le télétravail représente en moyenne un à deux jours par semaine. Ce sont ainsi deux jours durant lesquels le salarié se concentre sur la production. Le reste du temps, le salarié est en entreprise, prend des rendez-vous à l'extérieur, rencontre ses collègues, assiste à des réunions. Le télétravail permet de réduire la fragmentation du travail et d'améliorer la concentration. Ainsi le gain de « production » en télétravail est estimé à 22 % par jour. Le gain de temps en transport est à lui seul estimé à 2 heures par jour, redistribuées en 37 minutes pour la vie de famille, 45 minutes pour le sommeil et le reste pour le travail.
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Quels sont ces lieux intermédiaires entre la maison et le lieu de travail que vous pressentez se développer à l'avenir ?
Cécilia Durieu : Des tiers lieux sont en train d'émerger : ce sont des bureaux qui ne sont, ni dans l'entreprise, ni chez soi. Les espaces de coworking s'adressent aux indépendants, et se développent beaucoup dans l'Hexagone. S'ils sont bien pensés, ils peuvent générer des écosystèmes favorables aux projets, propices à la mutualisation de moyens. Les « télécentres » s'adressent eux plutôt à des salariés, tant du public que du privé. Mais ils sont encore peu nombreux en France (les télécentres sont référencés sur http://www.eworky.fr). Ce sont des lieux proches des zones résidentielles et qui proposent des bureaux dans un cadre professionnel. La ville d'Amsterdam en a beaucoup développé, se lançant le défi de « proposer à tous ses habitants un endroit pour travailler à moins de dix minutes en vélo de chez soi ». La mairie d'Amsterdam utilise aussi ces télécentres pour ses agents et, par suite, elle a réduit la taille de ses locaux. Cette tendance a toutes les chances de faire florès en France, car elle va dans le sens du développement durable : moins de transport, moins d'espaces sous-exploités. La région Ile-de-France a, dans cet esprit, lancé en février 2012 un appel à projets : « Télécentres et espaces de co-working ».
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