Manuel Valls et les chiffres en crises
L'actuelle démarche gouvernementale sur des sujets majeurs comme l'insécurité s'expose dangereusement à une menace malheureusement toujours très présente dans la vie publique française : la théorie du complot.
Cette théorie, selon les époques, a eu des "visages cachés par définition" qui portaient des noms dans l'opinion. Il y eut des accusations souvent très populaires sur le "complot maçonnique", le "complot juif". Plus dernièrement, c'est la théorie du "complot de la mondialisation" avec l'idée selon laquelle quelques actionnaires de très grandes sociétés joueraient à l'économie internationale (dont la bourse) comme au monopoly.
Cette théorie vise à expliquer des situations par des critères secrets, non liés à une raison officielle.
Ce creuset culturel est très présent dans la mentalité française.
La mode actuelle est au "complot journalistique" : informations cachées, vrais chiffres non révélés ... C'est à la fois un mélange de manipulations, de mauvaises intentions, de conspirations.
Cette crise de confiance est inquiétante aujourd'hui comme hier quand cette logique se développait. Elle crée des phobies. Elle fausse l'analyse juste pour le comportement démocratique. Elle appelle une logique du décodage qui ouvre des voies à des interprétations parfois terriblement imaginatives, dramatiquement imaginatives.
Sur la sécurité, Manuel Valls doit rétablir la vérité des chiffres : vérité sur les infractions, vérité sur les effectifs des moyens humains ...
Le complotisme ne fait jamais bon ménage avec la démocratie. C'est donc un risque à écarter de façon urgente et avec vigueur. Surtout avec Internet qui offre un effet de buzz redoutable.
Il faut rétablir rapidement la transparence et le caractère incontestable d'indicateurs de mesures de la violence dans la société française et des moyens consacrés pour lutter contre cette situation. Au cas contraire, c'est la prime assurée à la version du pire.