Le Ségala ou l'exemple du paradoxe de "l'eau normale" en France
La France est l’un des pays où la qualité de l’eau potable est la plus reconnue mais aussi la plus surveillée.
La plus surveillée au point où le nombre comme la diversité des critères techniques peuvent amener parfois des polémiques bien inutiles.
Prenons un exemple récent dans le territoire du Ségala. Le Syndicat des Eaux du Ségala est une des structures organisatrices du service public de l’eau potable des plus importantes de l’Aveyron.
52 Communes se sont associées afin d’établir une usine de production d’eau potable qui dessert plus de 20 000 abonnés par un réseau de canalisations de plus de 2 000 km.
La station de pompage de Galat produit chaque année plus de 5 millions de m3, dont 1,5 million de m3 fournissent d’autres collectivités voisines.
L’eau provient des lacs de Pareloup et de Bage. L’eau brute nécessite un important traitement pour garantir sa portabilité = filtration, ozonation, re-minéralisations et désinfection.
Tout au long de l’année 2011, 212 analyses ont été réalisées.
94 % des analyses ont été conformes à la réglementation malgré une eau particulièrement difficile à traiter. Ce taux est même supérieur à 96 % en 2012.
Mais, d’autres analyses particulièrement marginales, compte tenu des pourcentages globaux ci-dessus énoncés, révèlent un dépassement de certaines références de qualités.
Il convient alors de rappeler la différence entre limites de qualités et références de qualités :
- Limites de qualité : ces limites sont fixées pour des paramètres qui lorsqu’ils sont présents dans l’eau sont susceptibles de générer des effets immédiats ou à plus long terme pour la santé du consommateur. C'est à partir de ces paramètres que l'on juge de la qualité de l'eau distribuée.
- Références de qualité : ce sont des valeurs indicatives établies à des fins de suivi des installations de production et de distribution d’eau. Les substances concernées, sans incidence sur la santé aux teneurs habituellement observées dans l’eau.
Ces valeurs indicatives pour un montant marginal servent actuellement à alimenter une polémique bien surprenante sur une Commune du secteur : la Commune de Najac.
La société Sogedo, qui exploite sous la forme d’une prestation de services ce territoire où la responsabilité du service et les investissements sont à la charge de la collectivité publique, se trouve confrontée à une polémique où l’arbre d’un marqueur purement indicatif dans des circonstances marginales est utilisé pour cacher la forêt des excellents résultats de qualité sur tous les marqueurs importants pour la consommation en eau.
Une polémique d’autant plus surprenante que plusieurs projets locaux sont en cours afin d’accroître la capacité de pompage de la station et afin d’améliorer encore la qualité de l’eau produite.
Ce territoire du pays du Ségala devient l’espace d’un temps le triste exemple du paradoxe de l’eau normale : la normalité technique dans ce secteur est celle de l’excellente qualité de l’eau mais la normalité de l’appréciation consiste à instrumentaliser quelques indicateurs accessoires exceptionnels pour jeter le doute sur 94 à 96 % des analyses.
Tant qu’il y aura un tel décalage entre la réalité technique du fonctionnement courant et l’exploitation instrumentalisée d’une situation exceptionnelle, le parcours normal de la gestion de l’eau en France ne relèvera plus du calme d’un « long fleuve tranquille » où la raison garde toute sa place.
Dommage car, à l’exemple de la société Sogedo en l’espèce comme de tant de structures publiques comme le Syndicat des eaux du Ségala, la France compte des professionnels reconnus dans le monde entier comme des exemples sauf lorsqu’il s’agit d’alimenter des polémiques locales qui manifestement n’ont pas pour principale raison d’être la seule question de l’eau …