J - 22 : Elections US : le parti démocrate et le tournant d'Howard Dean
La victoire de 2008 a peut-être été d'abord celle d'Howard Dean ?
Il a su avant ce rendez-vous organiser deux tournants majeurs pour le parti démocrate :
- Internet,
- la levée de fonds performante.marketing politique américain passe pour être largement en avance sur tous les autres.
Il connaissait bien la présidentielle parce qu'en 2003, lorsqu’un modeste Gouverneur de l’Etat du Vermont a lancé sa campagne via Internet, tous les spécialistes ont été interrogés sur les chances de cet « audacieux ».
Les réponses ont été quasi unanimes : « there isn’t a single vote to be had on the Internet » (aucune voix n’est à récupérer sur Internet). Quelques semaines avant les premières primaires significatives, la surprise fut alors considérable de voir émerger le «modeste Gouverneur»…
Howard Dean a incarné pendant plusieurs semaines une vraie campagne novatrice insurrectionnelle face aux techniques classiques de désignation d’un candidat comme d’élaboration d’un programme. Son problème fut de devenir prisonnier de cette technique comme moyen de communication et surtout comme contenu.
Il a collecté via Internet ses fonds électoraux. Toujours via Internet, il a monté son réseau à travers les Etats. Enfin, il a préparé ses priorités en fonction des retours via Internet.
Une fois de plus l’efficacité était probablement entre les deux extrêmes : ignorer Internet ou tout faire que par Internet.
Comme les catégories sensibles à la communication via Internet n’étaient pas représentatives de l’opinion publique «moyenne», Howard Dean s’est trop engagé dans l’aile gauche du parti alors qu’au départ il était d’une réputation très centriste.
Tout contribuait à placer cet homme politique dans une logique centriste. Né le 17 novembre 1948, il est diplômé en médecine de l’Université de New York (promotion 1978). Avec son épouse Judy, il est père de deux enfants, Anne et Paul.
A la mort du Gouverneur du Vermont en 1991, il lui succède et est réélu 4 fois.
Sa gestion est alors celle d’un gestionnaire conservateur en matière fiscale et progressiste en matière de santé ou d’enseignement.
Ses programmes en matière d’enseignement ou d’amélioration des équipements publics le placent souvent à la une fédérale au point d’obtenir plusieurs récompenses significatives pour sa bonne gestion.
Après sa défaite de 2004, son «réseau spontané» lui est resté fidèle et il a été nommé Président du Parti Démocrate. Ce mandat allait jusqu’en 2009 et de ce fait il a été un personnage clef de cette campagne 2008.
Tout d’abord, il fut le premier à s’élever contre la guerre en Irak. A ce titre, l’opinion démocrate tout particulièrement lui a été reconnaissante d’avoir devancé les critiques ensuite massives sur la démarche mise en oeuvre par l’Administration Bush dans ce dossier.
Ensuite, il a acquis une réputation d’innovateur technologique en matière de communication. Or c’était là l’une des faiblesses traditionnelles du Parti Démocrate face au professionnalisme implacable des Républicains. Bon nombre de spécialistes considéraient officiellement que l’amateurisme du Parti Démocrate en la matière était la principale explication des dernières défaites. L’une des tâches assignées au Président du Parti Démocrate fut justement de combler ce fossé en matière de communication électorale.
Enfin, si la ligne du Parti Démocrate ne doit pas être trop ouvertement «à gauche», il est tout aussi certain que cet axe constitue la base militante la plus motivée pour battre les Républicains. Le degré de mobilisation de cette base conditionne beaucoup l’intensité de la campagne dans la dernière ligne droite au moment où les spots TV ne peuvent remplacer le militantisme le plus près du terrain.
Cette base militante est en parfaite harmonie avec Howard Dean dont elle pense qu’il incarne le responsable démocrate qui est le plus à son écoute. Dean a tenu cette fonction dans les dernières semaines de 2008.
Pour toutes ces raisons, la victoire de 2008, en complément de celle du candidat direct, a été aussi un peu celle d’Howard Dean, une forme d’hommage à sa percée de 2003...