Elections américaines : vers une situation pire qu'en 2 000 ?
La démocratie américaine pourrait-elle se permettre des contentieux lourds jetant un doute sur le vainqueur du vote de ce jour ?
C'est à la fois oui et non.
Oui, parce qu'une démocratie aussi enracinée que celle des Etats-Unis dépasse dans le temps des péripéties de ce type. La régularité" irréprochable" des opérations électorales américaines est un sujet quasi-constant et ne peut donc être résumée à la seule élection de 2 000.
Non, parce que le véritable enjeu se déplacerait rapidement vers un autre sujet : la composition de la Cour Suprême en cas de contentieux durables. La présidentielle 2012 est particulière parce qu'elle désigne celui qui va très probablement avoir à nommer 3 membres de la Cour Suprême dans les 4 prochaines années.
En effet, trois des neuf juges de la plus haute juridiction du pays approchent les 80 ans.
Actuellement, la Cour Suprême est profondément divisée et la majorité conservatrice de 5 juges contre 4 exerce une emprise sur la plupart - sinon sur la totalité - des décisions controversées.
Si Romney gagne, la majorité conservatrice pourrait bien exercer une influence pour encore une longue période.
Si Obama gagne, il est prêté aux 3 juges de différer leur départ pour voir arriver le score de 2016. En effet, les juges ont tendance à ne se retirer stratégiquement que pour permettre à un président qui leur est sympathique idéologiquement de nommer leur successeur.
C'est un volet très important à l'intérieur de la présidentielle compte tenu de la fonction éminente de la Cour Suprême.
Si la Cour Suprême devait être l'arbitre ultime, c'est la composition même de la Cour Suprême qui pourrait devenir sujet de fortes contestations.
Et dans cette hypothèse, dans un Etat où la judiciarisation est considérable, c'est un pan entier de la démocratie qui pourrait être fragilisé.