Les Français aiment les sondages
Très intéressante étude de l'IFOP sur la relation entre les Français et les sondages à l'occasion de la présidentielle 2012. Contrairement à de nombreuses manifestations ponctuelles de "distance", les Français aiment les sondages et les parcourent avec une attention de plus en plus soutenue.
En effet, il ressort notamment :
"Lors de la campagne de l’élection présidentielle de 2012, les Français ont davantage consulté les études d’opinion qu’en 2007 : la moitié d’entre eux déclarent lire les sondages publiés dans la presse, soit un score en progression de 8 points.
Seules 13% des personnes interrogées affirment ne jamais lire les sondages faisant l’objet de publication dans la presse, soit une baisse de 6 points en cinq ans.
Parmi ceux-ci, on trouve essentiellement des femmes (18%), des personnes âgées de 25 à 34 ans (22%) et des personnes ne se reconnaissant dans aucune formation politique (22%).
Sur la même période 2007-2012, la fréquence de lecture des sondages s’est intensifiée : 50% des Français déclarent lire « régulièrement » (16%, +2 points) ou « assez souvent » (34%, +6 points) les sondages qui sont publiés dans la presse.
Le profil type du lecteur assidu de sondages recoupe celui du citoyen politisé : il s’agit d’un homme (54% contre 46% chez femmes), âgé de plus de 65 ans (63% contre 45% parmi les personnes de moins de 35 ans), profession libérale ou cadre supérieur (61% contre 37% des employés et 34% des ouvriers) et habitant en région parisienne (59% contre 49% en zones rurales). Les sympathisants de gauche (57%), dont 61% parmi les sympathisants du PS et 60% parmi ceux d’Europe Ecologie-Les Verts, ne se distinguent pas de ceux de droite (55%, dont 61% à l’UMP). Remarquons que les sympathisants du Front national déclarent une fréquence de lecture des sondages beaucoup plus basse (46%), attitude qui fait écho à la critique régulière des sondages à laquelle se livre les dirigeants de ce parti.
Cette progression de la lecture est à mettre en regard de l’accroissement du nombre de sondages publiés lors de la séquence électorale de 2012. L’apparition de nouveaux entrants dans le secteur des instituts de sondage, l’abaissement des coûts de production et donc de vente des études grâce à internet, et l’évolution de l’environnement médiatique, notamment la montée en puissance des chaînes d’information en continu, constituent autant d’éléments explicatifs de cette tendance inflationniste, logiquement constatée par les personnes interrogées.
Près de deux tiers des Français (63%) estiment que les sondages publiés dans les journaux ou diffusés à la télévision ou à la radio sont « trop nombreux » (contre 32% « en nombre suffisant »). Cette proportion a doublé au cours du quinquennat écoulé : en 2007, 30% seulement des Français regrettaient le nombre excessif de sondages.
A cette critique quantitative s’ajoute une série de reproches sur la qualité des enquêtes. L’adéquation des résultats des sondages avec la réalité fait toujours l’objet de doutes importants au sein de la population, qui adopte une position très mitigée à ce sujet. 49% des personnes interrogées estiment que « les résultats des sondages reflètent bien les opinions des Français », contre 51% qui partagent l’avis inverse. Cette question engendre un clivage partisan très prononcé, les sympathisants de gauche adhérant largement (63%) à la conformité des sondages à l’opinion, qui est majoritairement rejetée par ceux de droite (58%). La capacité prédictive des enquêtes d’opinion, notamment en matière électorale fait également l’objet de suspicions pour la moitié de la population.
48% (+1 point depuis 2007) des Français considèrent que « les sondages se trompent toujours dans leurs prévisions de vote ». Cette perception d’un instrument condamné à être dans l’erreur systématique est encore plus répandue au sein des catégories populaires, c’est-à-dire les employés (52%) et les ouvriers (53%). Elle est également davantage partagée par les sympathisants de droite (54% contre 40% pour ceux de gauche). Ce clivage partisan, peut-être amplifié par la tournure de la campagne électorale, était déjà observé en 2007.
Pourtant, ni la prolifération des enquêtes, ni le crédit relatif accordé à leurs résultats ne semblent avoir nui à l’intérêt des Français pour les sondages, qui a progressé sensiblement depuis 5 ans. Deux types d’enquêtes retiennent prioritairement l’attention de nos concitoyens : les sondages relatifs à des sujets d’actualité (74%, +12 points) et les sondages concernant la vie quotidienne des Français (72%, +16 points). Les intentions de vote intéressent une majorité de Français, mais dans une moindre mesure (57%, +15 points). Ces sondages électoraux sont davantage consultés par les plus jeunes (69%), les plus âgés (67%) et par les sympathisants de gauche (74% contre 60% pour ceux de droite, voire 45% pour ceux du Modem)."