Municipales 2014 : les 10 questions clefs : (6/10) à quand la "génération Ann Coulter" en France ?
L'opinion publique française est actuellement fâchée avec tous les supports classiques de la République. L'exécutif serait menteur et impuissant. La Justice manifestement partiale. Le parlementaire deviendrait parlementeur. Quant à l'information, elle n'échappe pas à cette tornade. Les médias sont désormais très souvent baptisés "merdias", ce qui en dit long sur le climat...
En réalité, l'actuelle crise généralisée de l'information est liée à une multitude de facteurs.
Avec les réseaux sociaux, chacun trouve l'information qu'il attend. Dès que cette information ne se retrouve pas dans les supports classiques, c'est la crise, la traduction d'une partialité inacceptable ...
La presse locale a cédé devant les barons politiques locaux qu'ils soient de gauche et de droite. Dans certains Départements (Landes, Alpes Maritimes ...), le quotidien régional est la voix officielle des pouvoirs locaux avec des excès qu'un support institutionnel ne s'autoriserait même pas parfois par pudeur.
Dans les Communes de dimension démographique modérée, la rédaction légitimiste est désormais acceptée, reconnue, endossée. C'est parfois un membre du Conseil Municipal qui est le correspondant du quotidien régional, un membre de la famille du Maire ... : autant de cas de figures où le "correspondant" est, de facto, d'abord le facteur des communiqués officiels qui tiennent lieu d'articles.
Dans d'autres hypothèses, c'est la progression d'un journalisme d'opinion. Les faits servent d'appuis à une approche où tout est commentaire d'opinion sur des bases très manichéennes. Libération et le Figaro incarnent cette évolution qui est désormais d'une triste monotonie tant le rédactionnel devient prévisible.
Pourquoi ce sentiment généralisé qu'informer ce serait désormais tromper ?
Parce que l'abstraction de l'objectivité n'a pas résisté à la maturité des lecteurs.
L'objectivité était supposée être la digue face aux critiques de l'information. Mais l'objectivité est une abstraction absolue. Aux yeux de qui ? Sur quelle durée ? Pour quels critères ?
Le phénomène actuel est donc le début d'un long cheminement vers une reconnaissance d'engagement.
Aux Etats-Unis, les supports traditionnels les plus récents qui ont connu une percée sont ceux qui ont assumé des partis pris éditoriaux très marqués, clivants. C'est un mélange d'opinion, de spectaculaire permanent, de partis-pris revendiqués.
Il faut des signatures qui ouvrent des polémiques, fassent vivre des engagements vifs et non pas pastels, qui créent de l'exceptionnel comme le réussit remarquablement une nouvelle génération de journalistes comme Ann Coulter.
Une fois de plus, la France est entre les deux.
Pas sûr qu'elle ne soit pas perdante sur toute la ligne.
Ce qui est certain c'est que l'actuelle suspicion généralisée sur les médias est grave, malsaine, pour une large part infondée.
C'est une facette préoccupante d'une crise de régime. La couverture des municipales dans ce contexte sera "sportive" et probablement ouvrira de nombreuses polémiques locales pour dénoncer des "systèmes d'informations" non équitables.
Pour se rassurer, au moment où toutes les institutions sont perçues en crise par les citoyens, pourquoi l'information y échapperait-elle ?
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