Le retour de Dominique de Villepin (Edito 51)
Avec le retour des tensions internationales, Dominique de Villepin peut-il rêver d'un "happy end" pour les dix derniers mois au point de lui rouvrir une embellie en septembre 2006 analogue à celle connue en septembre 2005 ?
Au départ, le scénario était clair. Il parle d'optimisme, de patriotisme et de grandeur. Après les échecs de Raffarin, Dominique de Villepin devait transposer à l'intérieur le souffle qu'il avait pu et su incarner sur la scène internationale dans des moments emblématiques dont sa fameuse déclaration lors de la guerre d'Irak.
Après une longue période de situations "tristes", le retour à la vraie grandeur de la France revenait à l'ordre du jour. L'aventure de la réforme serait enfin lancée. La grande bataille pour l'emploi serait enfin livrée. Bien plus, dans ce pays qui bouge peu mais surtout tellement lentement, il fut même question au début de la "bataille des 100 jours" censée démontrer que le possible pouvait même être atteint dans des délais brefs.
Le dernier trimestre 2005 a constitué une bonne rampe de lancement. Mais au printemps 2006, le CPE et Clearstream cassent la dynamique. L'épopée tourne à l'échappée solitaire (CPE) et parfois même au rocambolesque (Clearstream).
La confusion et le doute prennent le pas sur l'allégorie sportive et altière entretenues jusqu'alors.
Le scénario de départ peut-il revoir le jour ?
En réalité, le scénario correspondant au "caractère de Villepin" c'est le lien entre la crise de confiance à l'intérieur et l'affaiblissement à l'étranger. Cette présentation, qui inspire son discours de politique générale, est d'une redoutable cohérence.
Dominique de Villepin s'est présenté comme le facteur de rebond pour éviter la crise de confiance à l'intérieur et l'affaiblissement à l'étranger.
L'amélioration significative et la reconnaissance de la singularité de la voix de la France dans le dossier du Liban sont-ils de nature à repositionner Dominique de Villepin ?
En réalité, ce qui manque à ce jour, c'est le poids de vrais symboles.
Il faut trouver la façon de traiter l'actualité selon des modalités qui constituent le révélateur et l'accélérateur de l'expression et de la reconnaissance de ces symboles.
Le problème c'est qu'aucun élément n'est à ce jour assez fort pour permettre cette expression donc cette reconnaissance. Sur le plan intérieur, le chômage baisse de façon régulière mais modérée. Sur le plan international, le "gendarme américain" pèse plus que jamais. Il est donc difficile de "trouver une fenêtre de tir".
Dans la dénonciation de l'Etat spectacle qu'est désormais devenue en permanence la vie politique française, il y a certes le mot spectacle mais il doit aussi y avoir le mot Etat car le spectacle seul ne peut servir longtemps d'affiche.
Or aujourd'hui où peut-être l'Etat ?
Quand ce contenu d'Etat existera, il sera alors temps de passer à l'étape de mise en spectacle.
L'accroche conceptuelle de Dominique de Villepin qui vise à recréer une "approche gaullienne" du pouvoir sur le thème "la France est de retour" ne peut reposer que sur un contenu qui serve de socle pour attester que la volonté politique peut produire des effets nouveaux voire inattendus.
Le retour est possible mais les circonstances ne sont pas encore là. L'audace impose un contenu d'une certaine dimension.
En réalité, ce décalage illustre l'ambiguïté d'une démarche peut-être excessivement déconnectée de la réalité intérieure et internationale de la France. La réalité de la France ne s'ouvre peut-être plus à une représentation "gaullienne" ?
L'échec de Dominique de Villepin en dira long sur la réalité de la mentalité collective. Quand la mentalité collective assimile les objectifs ambitieux aux "bâtisseurs de châteaux en Espagne", c'est un message qui dépasse très largement la seule portée de son principale destinataire.
A cet égard, la rentrée de D. de Villepin en dira long sur l'ensemble du climat de la présidentielle.