Marine Le Pen capitalise le rejet de la politique et s'installe incontournable dans la présidentielle
Marine Le Pen, au second tour de la Présidentielle, Juppé talonne Sarkozy !
C’est le principal enseignement du sondage sur les intentions de vote des Français à l’élection présidentielle de 2017. Cette enquête a été réalisée par l’Ifop pour l’édition du soir d’Ouest-France, du 15 au 18 avril, auprès d’un échantillon de 998 personnes.
Frédéric Dabi, directeur adjoint de l’Ifop, analyse ces résultats :
Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu dimanche, le FN serait le grand gagnant.
C’est, effectivement, le premier enseignement de ce sondage. Quelle que soit la configuration, Marine Le Pen accéderait à ce second tour de la Présidentielle, comme l’avait déjà fait son père, Jean-Marie Le Pen, le 21 avril 2002. Ce n’est pas une surprise. On l’a vu lors des dernières élections municipales de fin mars, le Front national est bien implanté dans l’Hexagone. Il est devenu une véritable force incontournable, une sorte de courant politique alternatif.
Nicolas Sarkozy, lui, a de la concurrence. Il n’est plus le « seul recours » à droite.
L’ancien président de la République reste toujours très bien positionné. Avec 31 % d’intentions de vote, il gagne quasiment quatre points par rapport à son score du 22 avril 2012. C’est une bonne performance de sa part. Mais c’est vrai, il est concurrencé par son ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères, Alain Juppé. Les deux hommes sont au coude à coude : 31 % pour Nicolas Sarkozy, 30 % pour Alain Juppé. La popularité de ce dernier est grandissante. Il vient d’être relégitimé par sa très belle victoire aux municipales à Bordeaux. Il peut donc mettre à mal la stratégie de retour de Nicolas Sarkozy.
Pour François Hollande, par contre, c’est catastrophique
Ce sondage confirme l’impopularité grandissante du président de la République. Avec 18 % ou 19 % d’intentions de vote, il est en chute de dix points par rapport à son score d’il y a deux ans. C’est la première fois qu’un chef de l’État français est aussi bas dans les sondages. Ce mauvais score démontre, à nouveau, ses vraies difficultés. Mais attention, n’enterrons pas trop vite François Hollande ! Il lui reste trois ans pour remonter dans les sondages.
Autre grand perdant : François Fillon. L’ancien Premier ministre serait même devancé par Marine Le Pen au premier tour.
On voit, effectivement, dans ce sondage que François Fillon ne parvient pas à distancer François Hollande (22 % pour lui contre 19 % au chef de l’État). L’élu de la Sarthe est même sept points derrière la présidente du Front national. L’ancien Premier ministre souffre d’un manque de visibilité. Il effectue une tournée des militants UMP et cela ne se voit pas. Personne n’en parle ! Il paie, en outre, son discours ambigu sur le Front national. Début septembre, il avait déclaré sur la radio Europe 1 qu’en cas de duel aux municipales entre un candidat FN et un candidat PS, il conseillerait de « voter pour le moins sectaire ».
Dernier enseignement de ce sondage : le centriste François Bayrou demeure dans le « ventre mou » du classement.
Le président du Modem est, toutefois, deux points au-dessus de son score du 22 avril 2012, mais il demeure à 10 %, 11 % ou 13 %. Il est vrai qu’il s’est mis hors-jeu. Il a clairement fermé la porte, malgré sa très belle victoire aux municipales à Pau. Dans un autre registre, à gauche, ni Eva Joly, ni Jean-Luc Mélenchon ne profitent de la chute de popularité de François Hollande.