Hervé Mariton ou le débat sur la fonction d'un parti politique moderne
A l'approche des élections pour la présidence de l'UMP, un candidat, Hervé Mariton, a posé la question sur le vrai clivage concerne le débat sur la fonction donnée à un parti politique.
A-t-il une fonction prioritaire de médiation ou de dogmatisme ?
En d’autres termes, un parti politique a-t-il vocation à servir de lieu privilégié d’accueil des diverses sensibilités afin de permettre le débat entre elles afin qu’elles déterminent le plus petit dénominateur commun ou à l’inverse le parti politique doit-il être le défenseur vigilant d’une doctrine incontournable ?
L’actuelle démocratie est d’abord une démocratie plébiscitaire reposant sur le rapport direct à un leader. La fonction de gardien vigilant d’un corps de doctrine est peu compatible avec cette approche nouvelle des contraintes électorales.
Si ces nouvelles contraintes réduisent considérablement la faculté pour un parti politique d’être le gardien d’une stricte propagande idéologique, l’évolution vers une fonction principale de pure médiation n’est pas sans danger. Elle laisse une place très importante aux seuls arbitrages d’actualité et une place d’autant plus grande ultérieurement aux groupes de pression faute de cadre initial rigide.
En réalité, au-delà de cet enjeu conceptuel, trois dossiers méritent une attention majeure.
Le premier enjeu est celui de la relation entre un parti politique et l’argent. L’argent joue un rôle de plus en plus important. Par divers facteurs qui vont des dotations publiques aux collectes périodiques, les partis politiques sont de véritables « trésors » sans lesquels aucune action nationale significative n’est possible. Cette réalité matérielle est la meilleure garantie d’importance durable des partis politiques. La conception nouvelle consisterait à mettre à disposition ce "trésor de guerre" à destination des candidats locaux, soit l'opposé de l'actuelle situation.
Le second enjeu concerne la relation entre un parti politique et la démocratie directe à l'intérieur du parti.
Le troisième enjeu majeur concerne la relation entre un parti politique et l’attente de moralisation manifestée par les opinions publiques. Les partis ont été fortement déstabilisés par les situations heurtant les repères moraux de l’opinion publique. Chaque révélation de ce type est une réelle déclaration de guerre contre le parti visé qui se doit de réagir de façon violente et symbolique. Toute accusation de vice doit devenir une déclaration de vertu étouffant l’accusation initiale.
Sur ces trois points majeurs, Hervé Mariton est le candidat qui a avancé le plus de propositions précises.
Collectivement, c'est dommage que la primaire UMP n'ait pas davantage ouvert le débat de fond sur le devenir même d'un parti politique. La démocratie française dans son ensemble y aurait gagné.