Google News ou le choc classique entre producteurs et diffuseurs
La décision prise par Google News en Espagne ne fait peut-être qu'augurer un bras de fer bien plus ample géographiquement.
Une bibliothèque de données doit-elle rémunérer les producteurs des données qu'elle stocke ou diffuse ?
C'est un sujet ancien qui n'a jamais été sérieusement traité.
Tout d'abord, la première atteinte aux producteurs de données a été la photocopie, longtemps re-baptisée en la matière : "photocopillage". Comme cet acte était dépourvu de toute traçabilité publique, les photocopies n'ont pas suscité de réelle mesure efficace susceptible de protéger contre cette menace.
Ensuite, dans le cadre toujours traditionnel, la seconde atteinte a été celle des circuits de grande diffusion - distribution. L'exposition au public, donc aux acheteurs, a été monnayée par les grandes chaînes de diffusion - distribution. Ainsi, et tout particulièrement à l'approche des fêtes de Noël, il importe de préciser que bon nombre des luxueux documents publicitaires sont en réalité payés par les producteurs des produits qui sont présentés dans ces brochures. Les conditions tarifaires sont même à un niveau tel que ce sont des publications particulièrement rentables pour les ... diffuseurs - distributeurs.
Enfin, avec Internet, Google News a élargi la diffusion. Mais les rapports de base sont restés les mêmes. Par conséquent, pourquoi Google serait-il exposé à des coûts que les autres diffuseurs ne connaissent pas ?
Bien davantage, Google a assuré une diffusion des productions considérablement amplifiée.
Cette "taxe Google" parait donc difficilement justifiable.
En réalité, c'est tout le dispositif de la protection et de la rémunération de la production intellectuelle qui flotte face aux nouveautés d'Internet.
Le dispositif classique est totalement dépassé. Un nouveau cadre n'a pas pour autant été adopté sur des bases solides. C'est tout un domaine de production-diffusion qui est en phase de transition à la recherche des nouveaux équilibres.