L'UMP et les conditions de sortie du climat d'union nationale
L’union nationale peut se définir comme l’adhésion largement répandue dans un groupe social à un ensemble de valeurs relatives aux modalités de la vie en collectivité.
Les dernières enquêtes d’opinion laissaient déjà apparaître un vrai retour en force de cette notion « d’union nationale ». Avec les drames de la semaine écoulée, ce sont des records historiques.
Tout l'enjeu consiste à sortir d'une "union du refus" pour passer à une "union du futur" pour François Hollande.
Deux catégories d’unions doivent être distinguées :
- l’union-unanimité,
- l’union-contrat.
Le premier cas c'est la politique actuelle qui vise des périodes de crises particulièrement graves.
Cette période peut-elle donner naissance à une "union-contrat" ?
De quoi est-il alors question ?
L’union n’abolit pas les différences. Mais ces différences deviennent compatibles avec un contrat commun sur des objectifs précis.
Ce contrat commun est alors supposé neutraliser des comportements qui « gênent » la vie politique à l’exemple des comportements suivants :
- les partis politiques campent sur des affrontements à des fins purement électorales et oublient leur fonction de pédagogie démocratique,
- ils poussent à l’intolérance et aux divisions parfois artificielles.
Bref, derrière cette approche d’union-contrat, il y a le sentiment que les partis politiques doivent cesser de ne penser qu’à la victoire ou à la revanche électorale pour s’occuper davantage du pays, de ses vrais défis, de l’avenir.
Des pays voisins ont beaucoup progressé dans cette voie. La Grande Bretagne pour lutter contre des formes de séparatismes. Plus dernièrement, l’Allemagne pour gérer face à la crise économique.
La France est peu habituée à cette approche. Sa vie politique est peu tolérante. Le réflexe contestataire est très vif.
Mais les circonstances actuelles sont exceptionnelles comme le montrent les manifestations ce week-end.
Avant toute perspective d’union nationale doit intervenir comme étape préalable la dédramatisation des enjeux électoraux.
Deuxième étape, la vie politique doit être vécue comme un ensemble de réponses pratiques à mettre en œuvre et non pas comme des enjeux théoriques permanents.
Si la dédramatisation et l’apport en réponses pratiques gagnent du terrain, ils préparent alors une possibilité d’union nationale.
Les circonstances exceptionnelles s'y prêtent-elles ?
Il faudrait que des nominations emblématiques à des postes clefs interviennent dès les prochains jours : Défense, Affaires Etrangères, Justice pour un dispositif de "Patriot Act" à la française ...
Si c'est le cas, c'est toute la survie de l'UMP qui peut être en cause car deux pôles existeraient alors : une union autour de François Hollande et le Front National. L'espace politique entre les deux serait très réduit.
C'est le vrai tournant pour faire "bouger les lignes". Jacques Chirac avait manqué ce rendez-vous après le 21 avril. François Hollande prendra-t-il ce risque politique dans les circonstances exceptionnelles actuelles ?