Rachida Dati et les beaux symboles cassés
En se retrouvant une fois de plus au centre d'une polémique relative au "style Dati", Rachida Dati donne l'exemple des bastilles perdues.
Pour voir l'ampleur des dégâts, il faut revenir à la base de l'année 2007.
A cette époque, Rachida Dati incarne toutes les qualités qu’une femme politique peut espérer réunir :
- la féminité,
- la reconnaissance de compétence,
- la reconnaissance de personnalité.
Elle est alors l’incarnation de l’héritage moderne de la Révolution française.
Pour l’essentiel, cet héritage c’est un mélange d’idéologie de liberté et d’égalité.
Elle symbolise la rupture avec l’ancien régime politique.
Elle est partie à l’assaut des nouvelles bastilles :
- la différence visuelle,
- la formation,
- l’emploi,
- la reconnaissance sociale par l’exercice d’un Ministère régalien.
C’est le parcours sans faute.
Là réside le véritable pouvoir d’évocation de Rachida Dati : incarner l’héritage de la Révolution après plus de 200 ans. Un héritage d’autant plus populaire que le plus intéressant c’est finalement l’inattendu, l’imprévisible, le non planifié.
Toutes ces caractéristiques accentuent la dimension populaire de sa personnalité donnant le sentiment que notre pays porte des courants de long terme et qu’il suffirait d’un surgissement conjoncturel pour que l’éclosion devienne possible.
C’est d’ailleurs probablement ce côté « surprise » qui ajoute à cette époque à la dimension culturelle de Rachida Dati.
Elle est à la croisée des courants culturels de notre pays qui aime mêler mémoire et rebonds inattendus.
Mais ensuite, avec des étapes toujours marquées par une constante de surprises à problèmes, ce beau symbole chute. La vie privée est jugée trop tumultueuse. La gestion de ses dossiers publics devient très controversée. En quelques années, l'immense capital de départ a été beaucoup érodé. Sa chance, c'était de compter sur la capacité d'oubli de l'opinion publique française qui est considérable, ce qui rend tous les retours toujours possibles.
Mais la dernière "affaire" sur des dépenses redressées par la Cour des Comptes fait resurgir les vieux griefs. C'est donc le retour aux étapes difficiles. Rachida Dati devient l'exemple des beaux symboles cassés. Une situation qui explique l'actuelle crise démocratique française où les premiers partis sont l'abstention et les extrêmes.