Les valeurs dominantes (Edito 85)
Expliquer les données d'une élection qui vient de se conclure, c'est esquisser les bases des élections qui s'annoncent. C'est donc un acte important de façon générale mais encore plus dans un calendrier qui verra se succéder prochainement les élections législatives puis les élections locales.
Préalablement, il importe de préciser qu'il est trop tôt pour apporter une réponse au point de savoir si le débat politique lors de la présidentielle de 2007 s'est appauvri.
Ce qui est déjà sûr, c'est qu'il s'est transformé. A maints égards, l'élection présidentielle de 2007 est en effet une première campagne.
C'est la première campagne qui voit une femme avec la possibilité réelle d'accéder à la fonction de chef de l'État.
C'est la première campagne sous la Ve république qui ne met en présence ni un Président sortant ni un Premier Ministre.
Mais surtout, c'est la première campagne qui a marqué une réelle fracture de générations avec la prise de pouvoir des quinquagénaires.
Ce préalable effectué, quatre valeurs dominantes ont émergé.
Tout d'abord, le positionnement nouveau des médias qui ont consacré toute leur énergie à décrypter les personnalités, les jeunesses, les tempéraments. . D'une certaine manière, cette approche éditoriale a occulté les débats de fond. Bien davantage, à force de chercher à déchiffrer le jeu des acteurs, on a progressivement oublié le scénario du film. C'est ainsi qu'est née une campagne qui, à maints égards, a marginalisé les vrais enjeux à l'exemple du dossier de la dette
Dans cette ambiance, second constat majeur, nous avons assisté à une disparition quasi-totale des chiffres. C'est une campagne où l'émotion a totalement pris le pouvoir et renvoyé aux oubliettes les explications techniques chiffrées.
Dans la stricte lignée du constat préalable, cette campagne a été marquée par le poids des symboles, troisième constat. Nicolas Sarkozy a confirmé son ancrage sécuritaire par des symboles forts à l'exemple de l'annonce du Ministère de l'Identité et de l'Immigration. Ségolène Royal a été supposée effectuer une conversion en recommandant la présence quasi-généralisée du drapeau bleu blanc rouge.
Ces symboles ont occupé une place particulière lors d'évènements forts non programmés et non programmables à l'exemples des incidents graves de la Gare du Nord de Paris.
Enfin, dernière valeur dominante, les campagnes deviennent, à l'exemple de ce qui est vécu de longue date aux Etats-Unis, une séquence de temps dont l'essentiel consiste à identifier la question à laquelle les électeurs entendront répondre le jour du vote.
Ce sont des campagnes à enjeu.
Donc des démarches très simplificatrices avec un électorat qui hésite le plus longtemps possible avant de se fixer.
Enfin, il reste à déterminer le caractère durable ou pas d'une éventuelle "rupture idéologique" conduisant à l'émergence d'une nouvelle gauche rapprochée du centre et la mise en oeuvre de relations différentes avec la "gauche de la gauche" qui, lors de cette présidentielle, est apparue comme une forme de "nain politique" et de repoussoir à des relations politiques décrispées avec le centre.
La "gauche de la gauche", par des repères dogmatiques intransigeants et déconnectés de la réalité implacable, s'est mise en "hors jeu politique". Elle est sortie du champ des repères utiles pour s'enfermer dans des vocations protestataires ou purement incantatoires qui ont emporté son crédit.
C'est donc une nouvelle donne politique qui a commencé à se faire jour et dont le contenu détaillé pèsera lourd dans les prochaines échéances électorales (législatives et élections locales).
Au sommaire de la Lettre Exprimeo 85 :
- Fiche 85 : les nouvelles mentalités.
- Discours 169 : la guerre des médias.
- Discours 170 : le capitalisme.
- Carnet 85 : Etats-Unis : la collecte des fonds dans la présidentielle Américaine (03/03).
- Presse : 5 faits majeurs de la semaine 17
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