Tout pour Manuel Valls et Manuel Valls pour tous
Rarement sous la Vème République pour une période qui n'est pas de cohabitation l'espace politique a été occupé de façon aussi forte par le Premier Ministre.
La rupture de l’égalité dans l’entente a toujours été la condition du fonctionnement efficace de la dualité de l’exécutif. Mais une rupture d'égalité d'exposition médiatique de cette ampleur est inédite.
Ce qui est propre à la Constitution de 1958, c’est que, selon les évènements, c’est le Chef de l’Etat ou le Chef du Gouvernement qui est mis en avant. Cette souplesse est l’une des forces de la Constitution de 1958.
Par conséquent, l’affirmation du rôle du Premier Ministre n’est pas du tout impossible.
Depuis 1958, un nouvel équilibre est né. Il est marqué par la prééminence manifeste du Président de la République.
Cette prééminence connaît des limites :
- la popularité présidentielle donc une partie de la légitimité d’opinion peut s’estomper avec les années,
- le Premier Ministre peut affirmer son identité propre.
Mais traditionnellement, le fonctionnement courant est celui de la subordination du Premier Ministre.
A la question : « qui gouverne ? », la réponse est habituellement claire : c’est le Président de la République !
Manuel Valls, par une exposition médiatique quotidienne extrême, change cette donne.
Il est celui qui prend la parole le plus souvent. Mais il est vrai que la politique n’est pas seulement l’art de prendre la parole.
C’est aussi et surtout l’art de passer une politique dans les faits. C'est surtout à ce stade que Manuel Valls donne le sentiment d'être le pouvoir, le vrai, tout le pouvoir.
La raison est simple. Le Président est en retrait et les ministres n'existent pas ou plus ou qu'à titre exceptionnel sur des sujets très segmentés.
La logique actuelle c'est "tout pour Manuel Valls et Manuel Valls pour tous". C'est une situation inédite à ce point. Peut-elle encore durer longtemps à ce point là ?