Denis Bonzy : "Donald Trump : la fin du politiquement correct"
Aux Etats-Unis, le politiquement correct est mort en septembre 2008 avec la révélation publique de l'ampleur de la crise et surtout des conditions dans lesquelles la crise est née. Quelques semaines plus tard, cette mort du politiquement correct se matérialisait par le succès du 1er Président métis de l'histoire des Etats-Unis : Barack Obama.
C'était la fin du "politiquement correct visuel" !
Par la suite, Barack Obama a changé la communication mais pas le fond du discours politique. Son talent principal a résidé dans sa capacité à faire vivre des émotions par l'image. Les nouveaux supports s'y prêtaient dont les réseaux sociaux. C'est l'avancée principale. Mais sur le fond, Barack Obama est resté très "traditionnel" dans les mots, dans les contenus.
C'est là que Donald Trump apporte une rupture : il casse les mots classiques, le contenu classique. Il ne faut pas oublier que cette étape maintenant poussée à la caricature est le fruit de trois étapes préalables :
- 2010 et la poussée du Tea Party lors des élections intermédiaires de novembre 2010,
- le poids des radicaux républicains en 2012 qui plient la campagne naturelle de Mitt Romney et qui attestent d'un rejet de "l'élite classique" incarnée par Mitt Romney,
- le nouveau succès lors des élections intermédiaires de novembre 2014.
A l'issue de ce processus, Donald Trump devient la caricature d'un phénomène qui dépasse largement les classiques "perturbateurs" des premiers mois des primaires.
Il les dépasse pour trois raisons :
1) Il est le 1er à obtenir de tels scores dans les sondages. Etre en tête à ce point c'est donc une réalité politique et non pas une "marginalité",
2) Il est en tête avec ou grâce à un vocabulaire qui casse les expressions classiques,
3) Il est en tête avec une campagne d'une tonalité très agressive qui est la sanction de la classe politique professionnelle.
Un "nouveau politiquement correct" est probablement en train de naître : expressions violentes, mots durs, raccourcis d'analyses ...
Donald Trump a déjà gagné. En 2012, il tirait des leçons par des vidéos effectuées dans son bureau. Il piaffait d'impatience de se jeter dans le bain. Trop tôt. Aujourd'hui l'opinion est mûre pour une expression brutale qui soit la sanction des vieilles idées comme des vieux politiciens. Sa chance, c'est que Jeb Bush et Hillary Clinton incarnent à l'excès ces "politiciens professionnels". Donc le contraste avec Donald Trump n'en devient que plus fort. Ce qui est la chance ponctuelle de Donald Trump. Mais sur le fond, c'est une réelle nouvelle donne qui s'installe annonçant des campagnes très rudes parce que le "nouveau politiquement correct" va vite devenir celui des oppositions tranchées, des mots forts et des raccourcis simplificateurs.
Denis Bonzy
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